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Répliquer ou négocier ? Dans la nuit de mardi à mercredi 12 mars, les droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium voulus par Donald Trump sont officiellement entrés en vigueur dans le monde entier. Au milieu de la cohue générale, certains Etats choisissent de riposter fort quand d’autres tentent encore de discuter avec le président américain. Libé fait le point sur la stratégie de chacun pour faire face, pays par pays.
La réaction de l’UE ne s’est pas fait attendre. Bruxelles a choisi de montrer les muscles de «frapper là où ça fait mal» pour forcer Donald Trump au dialogue. La Commission européenne a annoncé mercredi à l’aube qu’elle appliquerait des droits de douane «forts mais proportionnés» sur une série de produits importés des Etats-Unis comme les bateaux, les motos ou le bourbon à partir du 1er avril, en réponse aux nouvelles taxes américaines qu’elle a jugées «injustifiées» et «nuisibles».
L’UE «regrette profondément» les taxes décidées par le président Donald Trump, a dit la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, depuis le Parlement européen à Strasbourg. «Les droits de douane sont mauvais pour les affaires et encore pires pour les consommateurs», a-t-elle souligné, le visage fermé. «Des emplois sont en jeu. Les prix vont augmenter. En Europe et aux Etats-Unis», a-t-elle prévenu, tout en ouvrant la porte à un «dialogue constructif» avec l’administration américaine.
«Constructif», ça semble mal parti. Contrarié par la position de l’UE, Donald Trump a promis plus tard dans la journée de répliquer à sa réplique. «Nous allons gagner cette bataille financière», a-t-il promis.
Pour dompter Trump, le Royaume-Uni mise sur le dialogue. Nos voisins n’entendent pas déployer une flotte de contre-mesures immédiatement. «Nous négocions (avec les Etats-Unis) un accord économique qui couvre et inclura les droits de douane si nous réussissons», a déclaré devant le Parlement britannique le Premier ministre Keir Starmer, qui se dit cependant «déçu» par ces nouvelles taxes. «Nous adoptons une approche pragmatique», mais «nous gardons toutes les options sur la table», a-t-il ajouté.
Fin février, lors d’une visite du chef du gouvernement à Washington, Donald Trump avait promis qu’en cas de «véritable accord commercial» entre les deux pays, «les droits de douane ne seraient pas nécessaires». Selon un compte rendu de Downing Street, les deux dirigeants se sont félicités lundi lors d’une conversation téléphonique de l’avancée du dossier. Le gouvernement britannique a par ailleurs annoncé mi-février un plan de soutien pouvant atteindre 2,5 milliards de livres (3 milliards d’euros) pour protéger son industrie sidérurgique, face aux taxes américaines.
Le Canada va imposer dès jeudi de nouveaux droits de douane sur certains produits américains pour répondre aux tarifs douaniers «injustifiés et déraisonnables» imposés par Donald Trump sur l’acier et l’aluminium. Des taxes douanières de 25 % seront mises en place sur 29,8 milliards de dollars canadiens (18 milliards d’euros) d’importations américaines, a déclaré mercredi Dominic LeBlanc, le ministre des Finances. Parmi les marchandises visées par ces nouvelles taxes : des produits en acier pour une valeur de 12,6 milliards de dollars canadiens, de l’aluminium pour 3 milliards et des produits allant des ordinateurs aux équipements sportifs. «Nous ne resterons pas les bras croisés alors que nos industries emblématiques de l’acier et de l’aluminium sont injustement visées», a ajouté Dominic Leblanc.
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Le Canada, premier fournisseur des Etats-Unis pour l’acier et l’aluminium, est particulièrement dans le viseur de Donald Trump, qui avait envisagé mardi de doubler ces droits de douane contre Ottawa, avant de se raviser. Les nouvelles mesures canadiennes s’ajoutent aux droits de douane de 25 % instaurés sur 30 milliards de dollars de produits américains depuis le début du mois en réponse à la première série de taxes commerciales imposées par Donald Trump sur les produits canadiens.
Le Mexique ne prendra pas immédiatement des mesures de rétorsion contre les droits de douane américains. La présidente du pays Claudia Sheinbaum a annoncé préférer attendre le mois prochain pour décider d’une éventuelle riposte. «Nous allons attendre le 2 avril et décider d’imposer ou non des droits de douane réciproques, dans le cas de l’aluminium et de l’acier», a déclaré la cheffe d’Etat, qui s’est engagée à rechercher une solution négociée avec Donald Trump.
La date n’est pas anodine : le président américain avait reporté au 2 avril sa menace d’imposer l’ensemble des importations mexicaines après un entretien avec Claudia Sheinbaum début mars. «Nous espérons qu’étant donné que nous avons conclu un accord commercial et que le Mexique n’impose pas de droits de douane aux États-Unis, il n’y aura pas de droits de douane réciproques», a-t-elle ajouté.
La Chine s’est engagée à prendre «toutes les mesures nécessaires» pour protéger ses intérêts. «La Chine a toujours pensé que le protectionnisme n’offrait aucune sortie et qu’il n’y avait aucun gagnant lors de guerres commerciales», a déclaré Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. «Les actions des Etats-Unis violent gravement les règles» de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et «endommagent gravement le système d’échange multilatéral», a-t-elle ajouté.
La mesure américaine marque une nouvelle étape dans la guerre commerciale entre les Etats-Unis et le pays d’Asie. La Chine est le plus grand producteur mondial d’acier, sans pour autant en être le principal fournisseur des Etats-Unis. Plus tôt en mars, Donald Trump avait fait passer de 10 % à 20 % le niveau des droits de douane supplémentaires imposés à tous les produits chinois entrant aux Etats-Unis, ce à quoi Pékin a riposté en décidant de taxes du même type pour plusieurs produits agricoles américains.
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