La Banque de France abaisse sa prévision de croissance pour la France

La Banque de France abaisse sa prévision de croissance pour la France

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Dans le grand désordre mondial, l’activité économique française devrait trinquer. Dans ses dernières prévisions, publiées ce mercredi 12 mars, la Banque de France s’attend à un net ralentissement de la croissance française en 2025, qu’elle estime désormais à 0,7 % (0,2 point de moins que lors de sa dernière estimation en décembre), après une hausse de 1,1 % en 2024. Cette année, la croissance sera pénalisée par «le regain d’incertitude au niveau international et par des comportements toujours attentistes face à la situation nationale», souligne la Banque de France.

Alors que le commerce extérieur avait soutenu l’activité économique l’an dernier, le produit intérieur brut serait tiré par la consommation des ménages (+1 %) grâce à des gains de pouvoir d’achat sur fond d’inflation en décrue. Les exportations et les investissements des entreprises pâtiraient en revanche d’une demande mondiale affaiblie et des tensions commerciales internationales. Sur l’ensemble de l’année, la croissance française serait supérieure à celle de l’Allemagne (0,3 %), première économie de la zone euro, mais inférieure à celle de l’Italie (1,2 %).

Ces prévisions tiennent compte de l’effort budgétaire prévu dans le budget 2025 afin de ramener le déficit public de 6 % du PIB fin 2024 à 5,4 % du PIB, contre un objectif plus ambitieux de 5 % souhaité par le gouvernement Barnier, avant sa censure en décembre. Le 1er mars, le ministre de l’Economie, Eric Lombard, s’était dit «optimiste» sur la capacité de la France à atteindre son objectif de croissance fixé à 0,9 % par le gouvernement, sans exclure un ajustement «si nécessaire» après la publication de la Banque de France.

La croissance moindre attendue par celle-ci «peut exiger, en cours d’année, des mesures du côté des dépenses», a souligné devant la presse son chef économiste, Olivier Garnier, tout en assurant que cela ne remettait «pas du tout en cause la capacité à atteindre la cible de déficit». De quoi compliquer l’équation budgétaire, d’autant que Paris ambitionne comme d’autres pays européens d’augmenter ses dépenses militaires face aux menaces de la Russie, dans un paysage politique morcelé depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024.

La Banque de France est aussi moins optimiste pour 2026, avec une croissance prévue à 1,2 % (0,1 point de moins qu’en décembre), tandis que la prévision pour 2027 reste inchangée, à 1,3 %. Une bonne nouvelle tout de même, la «victoire» contre l’inflation. Après 2,3 % en 2024, elle est attendue à 1,3 % (abaissée de 0,3 point) en moyenne annuelle en 2025 grâce au recul des prix de l’électricité et la décélération dans les services. Elle augmenterait ensuite à 1,6 % en 2026 et à 1,9 % en 2027, mesurée selon l’indice harmonisé IPCH permettant les comparaisons européennes.

Ces projections intègrent l’augmentation des droits de douane imposée par le président américain, Donald Trump, à la Chine, et les mesures de rétorsion de celle-ci. En sont exclues les tensions commerciales avec l’Europe, le Canada et le Mexique, qui renforcent toutefois l’incertitude, et la hausse des dépenses de défense. Ces droits de douane auraient pour principal impact d’augmenter l’inflation aux Etats-Unis et de pénaliser la croissance en Europe, a expliqué Olivier Garnier. Cet impact dépend toutefois de leur ciblage, de leur durée, du taux de change euro-dollar et de la politique monétaire. L’impact sur le PIB européen serait d’une baisse de 0,3 point «au bout d’un à deux ans» en cas de «maintien durable» d’une hausse de 25 points des tarifs, a-t-il détaillé, mais la France est «moins exposée que le reste de l’Europe». C’est déjà ça.

Libération

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