Lutte contre l’homophobie dans le football : beaucoup de gesticulations, peu de résultats

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Hypocrisie

Le ministre de l’Intérieur reçoit ce jeudi des dirigeants du football en présence du ministre des Sports Gil Avérous et du secrétaire d’Etat chargé de la lutte contre les discriminations Othman Nasrou. Une nouvelle ligne dans l’histoire de l’inefficacité face à un fléau que les autorités ne semblent pas vouloir regarder en face.

Bruno Retailleau en chevalier des droits des LGBT + ? Le locataire de Beauvau, connu pour avoir voté contre l’interdiction des thérapies de conversion, est tout de même chargé de lutter contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle ou au genre. Il aurait ainsi décidé de prendre ce combat à bras-le-corps en s’attaquant à la nébuleuse mais pratique – elle sert notamment régulièrement de test pour toutes les nouveautés législatives liberticides – communauté des ultras de football. Le sujet, complexe, revient sur le devant de la scène tous les deux ou trois ans, après que des actes homophobes en tribune captent l’attention médiatique et politique, que des joueurs refusent de participer à une journée de sensibilisation ou qu’un ministre décide de prouver que lui, il agit.

Ce jeudi, le Vendéen a reçu des dirigeants du foot pour échanger et éventuellement trouver des solutions afin de lutter contre ce fléau encore présent dans les tribunes. A la sortie, son collègue des Sports, Gil Avérous, a assuré vouloir éviter «les sanctions collectives» et a fait la promotion des «billets nominatifs», , tout en rouvrant la porte aux arrêts de matchs. Aujourd’hui, aucun joueur en activité en Ligue 1 ou en Ligue 2 n’a fait son coming out.

Août 2019 : des matchs professionnels arrêtés à cause de chants homophobes

L’histoire retiendra que l’AS Nancy Lorraine et Le Mans Foot Club, en Ligue 2, auront été les premiers clubs français à voir leur match arrêté à cause de chants homophobes. A la 26e minute, l’arbitre de la rencontre interrompt le match après que des supporters nancéiens ont insulté leurs voisins et rivaux messins, pourtant pas concernés par ce match. Alors que le speaker du stade, briefé en amont par un représentant de la Ligue de football professionnel (LFP), demandait aux supporters de cesser les chants homophobes, les intéressés répondaient : «La Ligue, on t’encule !» Le match avait alors repris quelques minutes plus tard.

La semaine suivante, bis repetita. En Ligue 1 cette fois, le match entre Brest et Reims est également interrompu quelques instants – une minute – en début de deuxième mi-temps. A l’époque, Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat en charge de l’égalité femmes-hommes, et Roxana Maracineanu, ministre des Sports, s’étaient félicitées de cette décision.

Les arbitres s’appuient alors sur la loi 5 des Lois du jeu qui stipule, dans la partie consacrée à la «responsabilités des arbitres», que ces derniers peuvent «interrompre ou non le match en raison de l’intervention de spectateurs ou de tout problème survenu dans les zones réservées aux spectateurs». Côté UEFA, une résolution a été adoptée en 2013, «visant à lutter contre le racisme et les discriminations dans le football». Mais celle-ci ne semble viser que les incidents racistes et pas les incidents homophobes.

9 septembre 2019 : «Considérer que le football est homophobe, c’est quand même un petit peu fort de café»

Quelques jours après ces polémiques, Noël Le Graët, qui préside alors la Fédération française de football, demande aux arbitres de ne plus arrêter les matchs en cas de chants ou de slogans homophobes dans les tribunes. «Les méthodes de punir sans arrêt accentuent [les comportements problématiques]», se justifie alors celui qui sera évincé quelques mois plus tard pour son comportement sexiste. Et de développer, sans apporter de justification : «Considérer que le football est homophobe, et peut être l’image de l’homophobie en France, c’est quand même un petit peu fort de café. J’accepte pas. Que quelques spectateurs aient exagéré… Oui ! On va faire en sorte que ça disparaisse, mais l’arrêt des matchs, c’est autre chose. Le jeu, c’est quelque chose de compliqué, de beau quand on regarde et pour les quelques personnes que je n’apprécie pas, on va faire en sorte qu’il n’y ait plus de banderoles. Mais arrêter le match ? Non.»

16 novembre 2023 : «Ces abrutis ne doivent plus avoir de places dans nos enceintes»

Auditionnée par les députés de la commission d’enquête sur les défaillances de fonctionnement dans le monde sportif, la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra lance que «ces abrutis ne doivent plus avoir de place dans nos enceintes» et appelle à la multiplication des interdictions judiciaires de stade. Quelques mois plus tôt, elle présentait son plan de lutte contre les discriminations dans les colonnes de Libération. «Il faut que les fédérations prennent mieux en compte les enjeux et les droits des personnes LGBT +, comme certaines commencent déjà à le faire. On va leur demander une obligation de formation des juges et des arbitres pour qu’à chaque fois qu’il y a des discriminations anti-LGBT, elles soient systématiquement identifiées sur les feuilles de match et remontées, comptabilisées. Il faut aussi qu’on sensibilise les commissions disciplinaires pour que ces faits soient plus systématiquement sanctionnés. Globalement, on va renforcer le pouvoir disciplinaire des fédérations.» Sans résultat concret à ce jour.

Mai 2024 : Cachez donc cette homophobie que je ne saurais voir

Idrissa Gueye au PSG, Mohamed Camara à Monaco, Zakaria Abouklhal à Toulouse… Tous les ans, la journée de sensibilisation à l’homophobie organisée par la LFP – organisée autour du 17 mai, journée internationale de lutte contre l’homophobie – était le théâtre de polémiques, des joueurs masquant les logos arc-en-ciel sur leur maillot ou feignant une blessure pour éviter de s’afficher avec une tunique qu’ils considèrent comme un «soutien à l’homosexualité». Face à ce problème, la LFP a finalement trouvé la solution en 2024 : supprimer l’arc-en-ciel des maillots et le remplacer par le mot «homophobie» barré d’un trait de peinture rouge et sous lequel on retrouve le mot «football». Comme ça, plus de problème.

24 octobre 2024 : le retour de l’arrêt des matchs et l’apparition des billets nominatifs

«Je serais pour l’arrêt des matchs dès» qu’il y a «des chants homophobes». Invité sur France Inter quelques jours après de nouveaux chants homophobes au Parc des Princes, Bruno Retailleau a remis sur la table l’option des matchs arrêtés. «C’est devenu insupportable. On ne peut plus supporter des chants homophobes. Je ne le supporterai plus.» Dans l’après-midi, après une réunion avec des dirigeants du foot à Beauvau, le ministre des Sports, Gil Avérous, a assuré vouloir éviter «les sanctions collectives» et a fait la promotion des «billets nominatifs». Une mesure innovante dans le foot, testée auprès de l’Olympique lyonnais, le PSG et l’OM. Le ministre a également remis sur la table le dossier des arrêts de matchs, «s’il le faut». Moins innovant.

Libération

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