Demi Moore ou le «devenir monstre» féministe, par Martine Delvaux

Demi Moore ou le «devenir monstre» féministe, par Martine Delvaux

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J’écris ces mots dans la foulée des prix reçus par l’actrice Demi Moore, et de l’oscar emporté par le film de Coralie Fargeat, The Substance, pour le meilleur maquillage. Partout, sauf aux oscars, Demi Moore a été honorée pour son rôle spectaculaire de femme mûre transformée en monstre pour avoir voulu rester jeune.

J’ai d’abord résisté à ce film. Car The Substance donne d’abord l’impression de vouloir faire porter l’odieux aux femmes : ne pas vouloir vieillir, trouver difficile de composer avec les marques du temps sur la chair, craindre de disparaître dans l’espace public, et dès lors préférer retarder le plus possible la manière dont les années nous sculptent… Tout ça, semble dire le film, nous en serions, en quelque sorte, responsables. Mais j’ai été rattrapée, séduite, convaincue. Parce que ce film parle moins de vieillissement que de notre rapport au monstre, au devenir-monstre des femmes.

Alors qu’on se trouve en pleine «manosphère», en pleine revirilisation du monde, je me dis que le devenir-monstre va nous sauver.

Plus tôt cet hiver, le Center for the Study of Women in Television and Film a publié ses statistiques annuelles concernant les productions américaines. En 2024, le nombre de personnages féminins parlant a légèrement augmenté (de 35 % à 37 %) ainsi que le pourcentage de personnages féminins importants (de 38 % à 39 %). Mais les chiffres chutent quand il s’agit de l’âge : si 30 % des personnages de femmes sont trentenaires, seulement 16 % dépassen

Libération

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