Le vice-président américain J.D. Vance hué lors d’un concert de musique classique

Une petite musique inhabituelle a surgi jeudi soir du Kennedy Center, une prestigieuse institution à Washington qui accueillait ce soir-là un l’Orchestre symphonique national américain. Alors que le vice-président des Etats-Unis, J.D. Vance, venait d’arriver dans sa loge, entouré d’un cortège de proches, le public s’est mis à les huer et à les siffler, rapporte le Guardian, un quotidien britannique. Dans le milieu policé de la musique classique, cette manifestation de dépit, voire de colère, est plutôt rare. Mais s’explique par la guerre culturelle menée par Donald Trump et ses alliés d’extrême droite depuis leur retour à la Maison Blanche. «Vous avez ruiné cet endroit !», ont crié des spectateurs depuis les gradins, pendant que J.D. Vance leur répondait en souriant ironiquement, en leur faisant signe de la main.

Il y a à peine quelques semaines, en février, le président du conseil d’administration du Kennedy Center et treize de ses administrateurs ont été limogés par Donald Trump. Le locataire de la Maison Blanche s’est nommé lui-même président de l’institution et a désigné son conseiller en politique étrangère et proche allié Richard Grenell comme chef par intérim. Il a par ailleurs nommé de nouveaux membres du conseil, parmi lesquels Usha Vance, épouse de J.D. Vance. «Nous avons donc pris le contrôle du Kennedy Center», avait alors déclaré le Donald Trump à l’époque. «Nous n’aimions pas ce qu’ils montraient et diverses autres choses. Nous allons nous assurer que ce soit bien et qu’il n’y ait plus de woke. Il n’y a plus de woke dans ce pays.»

Au début du mois de mars, les créateurs d’Hamilton, comédie musicale très populaire sur la naissance de la démocratie américaine, ont annulé toutes les représentations prévues au Kennedy Center. Le spectacle, qui explore la vie d’un des pères fondateurs de l’Amérique, Alexander Hamilton, devait s’y produire en mars et avril 2026 pour célébrer le 250e anniversaire de la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis. Mais la production a estimé ne plus être en mesure de mener à bien ce projet : «Nous ne pouvons pas actuellement soutenir une institution qui a été forcée par des forces extérieures à trahir sa mission de centre culturel national qui favorise l’expression libre de l’art aux États-Unis», a estimé la production sur les réseaux sociaux, en dénonçant «la récente purge» du Kennedy Center «par l’administration Trump».

En plus de l’Orchestre symphonique national, le Kenny Center abrite l’Opéra de Washington et accueille environ 2 000 représentations par an. J.D. Vance, qui déclarait en 2016 dans une interview au New York Times, être «stupéfait d’avoir appris que les gens écoutaient de la musique classique pour le plaisir», n’avait pas dû souvent s’y rendre jusqu’ici. Alors que les sifflets à son égard s’estompaient, le deuxième concerto pour violon de Chostakovitch, suivi de Petrouchka de Stravinsky – s’est élancé de manière un peu hésitante. On notera ce soir-là, une programmation uniquement russe.