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Savoir qui nous sommes, savoir ce à quoi nous tenons, penser les lieux et les échelles de ce qui nous rassemble… Le Campus Condorcet organise, le 20, 21 et 22 mars 2025, trois jours de débats et de rencontres sur le thème «Universel(s) ?». Un événement dont Libération est partenaire.
A quoi ressemblera une «accessibilité universelle» en 2070 ? Dur de le savoir dès aujourd’hui ! Il va falloir attendre les résultats de l’atelier d’écriture menée dans le cadre du Printemps des Humanités par la psychologue et écrivaine de science-fiction Ketty Steward, autrice notamment de le Futur au pluriel : réparer la science-fiction (l’Inframonde, 2023). Tout l’enjeu de l’atelier est d’ouvrir les perspectives et de comprendre «qu’il y a plusieurs façons “normales” d’être au monde, et qu’on se débarrasse d’une “norme” qui ne concerne finalement pas grand monde», souligne Ketty Steward. Il a fallu qu’elle-même se fêle le genou pendant plusieurs mois pour qu’elle en vienne à se demander à quel point le réseau du métro parisien était inhospitalier pour les personnes à mobilité réduite.
Pour penser l’accessibilité universelle, qui n’inclut pas seulement la perspective du handicap, mais aussi du vieillissement, ou d’autres manières d’habiter l’espace public, l’autrice propose de questionner les termes que chacun associe au handicap, pour «faire un monde commun» à partir de ce nuage de mots. Les participants de l’atelier devront penser le monde en 2070 à partir de personnages dont les caractéristiques auront été tirées au sort : un «changement de méthode» qui peut emmener l’imagination assez loin.
Une bonne manière d’imaginer la démarche est de repartir de l’afro-cyber-féminisme, un type de littérature de science-fiction où les protagonistes «ne sont pas des mecs blancs américains super musclés, mais plutôt des femmes noires pauvres handicapées queers», détaille Ketty Steward. Autrement dit : des personnages qui sont, en tous points, marginaux par rapport à la norme dominante de la société. «Ces personnages sont intéressants parce que si l’on parvient à imaginer un avenir pour ces personnes qui sont le plus en marge de la société, on a sauvé l’humanité, parce que cet avenir fonctionnera pour tout le reste de la société !» s’enthousiasme Ketty Steward.
Partir du plus petit dénominateur commun pour élaborer un monde : une méthode qui gagnerait à être mise en application, alors que l’anniversaire des vingt ans de la loi pour l’égalité était l’occasion de souligner que la France n’était pas au niveau en matière d’accessibilité. Mais la présidente du réseau «Université de la Pluralité», une association internationale qui s’intéresse aux imaginaires alternatifs du futur, précise : «Cet atelier ne vise pas à régler les problèmes de la société contemporaine : nous ne faisons pas de la solution aux problèmes, mais de l’imagination, dans le but que les participants se rendent compte que la science-fiction permet de repenser un certain nombre d’évidences». Charge aux décideurs, donc, de venir s’inspirer des fruits de cet atelier pour les décliner dans le monde réel.
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