Jeanne Guien : «Face à chaque nouvel objet, il faut poser la question : qui va être dominé ?»

Jeanne Guien : «Face à chaque nouvel objet, il faut poser la question : qui va être dominé ?»

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Désirer la nouveauté va-t-il de soi ? Y a-t-il en chacun de nous une attente diffuse, un creuset de frustrations qui nous inviterait, depuis la nuit des temps, à vouloir constamment posséder de nouvelles choses, qu’elles soient matérielles ou non ? Pour Jeanne Guien, docteure en philosophie, la réponse est sans équivoque : non. Le Désir de nouveautés, titre de son dernier livre (la Découverte, mars 2025), déconstruit pas à pas cette idée. Selon l’autrice, l’attrait pour le neuf serait le fruit d’une longue construction, inscrite au cœur du capitalisme, savamment orchestrée depuis le commerce colonial jusqu’au marketing récent.

Pour le démontrer, elle s’attache aux mécanismes discursifs qui font de la nouveauté, à travers l’histoire, le synonyme de progrès – quand des termes comme «innovation» ou «évolution» chercheraient à masquer l’exploitation qu’ils génèrent. Philosophe de la technique, ses précédents travaux, sur l’histoire de l’obsolescence, le freeganisme (récupération alimentaire, qu’elle pratique) ou la collecte municipale des déchets, construisent une œuvre critique de la société de consommation et du gaspillage, comme on peut le lire dans le Consumérisme à travers ses objets (2021) et Une histoire des produits menstruels (2023) tous deux parus aux éditions

Libération

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