Retraites : la petite organisation patronale U2P quitte les négociations et critique ceux «appelant à travailler moins»

Retraites : la petite organisation patronale U2P quitte les négociations et critique ceux «appelant à travailler moins»

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La réforme de la réforme semble de plus en plus impossible. Deux jours après le dérapage incontrôlé de François Bayrou sur les 62 ans, la plus petite organisation patronale, l’Union des entreprises de proximité (U2P), claque la porte les négociations sur les retraites entre partenaires sociaux ce mardi 18 mars au matin. Son objectif est de «contribuer à une prise de conscience générale».

Ces chefs d’entreprise semblent toutefois sur la même ligne rigide que le Premier ministre. «Est-il vraiment sérieux dans un contexte de déficits structurels et de projections alarmantes, de continuer à emprunter la voie d’un retour de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans ou d’une réduction de la durée d’activité requise […] ?», s’interrogent-ils dans un communiqué, prônant au contraire «des mesures drastiques pour rétablir l’équilibre de nos régimes sociaux». L’U2P estime que l’équilibre du régime des retraites «imposera de repousser l’âge légal de départ au-delà de 64 ans», sauf pour les métiers difficiles.

L’Union des entreprises de proximité est la première des trois organisations patronales représentatives (les autres sont le Medef et la CPME) à quitter la table. Côté syndicats, FO était partie dès le premier jour, pour sa part disant ne pas vouloir «participer à une mascarade» dont le but serait d’allonger la durée du travail.

«Le paysage international ne cesse de se transformer […], le chef de l’Etat a appelé à un effort financier inédit afin de renforcer notre puissance militaire», déclare l’U2P. Elle mentionne aussi les 51 milliards dépensés en 2024 «à fonds perdu» pour rembourser les intérêts de la dette, et les calculs de la Cour des comptes, selon laquelle la réforme de 2023 – qui prévoit le départ à 64 ans – engendrera elle-même un déficit d’une trentaine de milliards d’euros en 2045.

«Le bateau France est en train de prendre l’eau et l’orchestre des partenaires sociaux continuerait de jouer comme si de rien n’était ? L’U2P s’y refuse», assure dans le communiqué son président Michel Picon. Selon lui, les patrons de petites entreprises que l’U2P représente, «qui travaillent bien au-delà de la moyenne des Français, […] ne peuvent entendre plus longtemps les sirènes appelant à travailler moins longtemps».

Ce départ de la plus petite des organisations patronales survient alors que le Premier ministre François Bayrou a suscité dimanche colère et indignation à gauche et parmi les syndicats en répondant «non» à une question sur un retour à la retraite à 62 ans. Lundi, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a jugé elle aussi «pas réaliste» un tel retour, dans le contexte d’effort militaire à venir et «d’impératif» d’un équilibre financier des retraites.

Le ministre de l’Economie Eric Lombard avait pour sa part tenté de rappeler dimanche que c’est normalement «le conclave» des partenaires sociaux «qui doit se prononcer».

Le président de l’U2P et ses quatre vice-présidents tiendront une conférence de presse à 11 heures au siège de l’organisation. Les négociations entre partenaires sociaux sur la réforme des retraites, entamées fin février, sont censées durer encore deux mois.

Libération

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