La guerre, dernier refuge du patriarcat, par Mahir Guven

La guerre, dernier refuge du patriarcat, par Mahir Guven

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Depuis que la guerre est de retour sur le terrain et dans nos esprits, les hommes reprennent toute la place. Chefs d’Etat au regard dur, stratèges au verbe sec, experts en géopolitique dessinant des flèches sur des cartes, dès que le monde se crispe, ce sont les visages masculins qui s’imposent. La dramaturgie guerrière remet en scène des figures viriles, des récits de conquête, de défense. La guerre revient. Et avec elle, l’idée que les hommes sont faits pour la mener.

La posture, le menton ferme, le verbe grave, la menace en étendard, la guerre redevient le théâtre où la masculinité se sent chez elle. La guerre réactive un vieux réflexe «viril» et encourage une moitié de l’humanité à reprendre ce qu’elle imagine être son rôle historique : protéger, décider, frapper, tuer si nécessaire. Elle redonne du pouvoir aux hommes, ou plutôt elle permet de restaurer les codes du patriarcat, qui, sous couvert d’urgence sécuritaire, trouve un nouveau souffle.

La guerre semble lui offrir un terrain familier, elle remet en selle les anciennes figures du pouvoir, redonne un rôle à ceux qui, dans les sociétés pacifiées, peinent parfois à en trouver un. La guerre restaure une verticalité, une hiérarchie, une autorité, ravive les codes du commandement : elle fabrique de la gravité. Comme si la paix avait désorienté un certain ordre – et que le chaos lui offrait une revanche. Comme si la guerre était un horizon permettant de retrouver un pouvoir qui se pense muselé par le féminisme.

Libération

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