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En 1942, le politiste d’origine allemande Franz Neumann publia une analyse de la «structure et pratique du national-socialisme», qu’il compléta en 1944. Sa réception fut – et reste – assurément ambivalente. D’une part, l’ouvrage se hissa d’emblée au rang de classique. Non sans raisons : l’exilé avait réussi le tour de force de proposer un examen à chaud du IIIe Reich, alors que la guerre faisait encore rage. Mais il fallut attendre 1977 pour que le livre soit traduit en allemand, et 1987 pour qu’il le soit en français – un délai étonnant pour une œuvre jugée fondamentale.
L’intérêt de ce qui se présente plus comme un essai que comme une recherche historique tient aux thèses défendues qui contrastent avec l’image convenue, à défaut d’être conforme, que les contemporains se forgeaient du régime nazi. Traumatisés par l’étrange défaite, les Français imaginaient qu’il campait sur des bases solides ; Neumann le décrit au contraire comme un chaos organisé, marqué par la disparition de l’Etat. En abolissant le règne de la loi – puisqu’un simple ordre du Führer avait désormais force de norme, en dévoyant la justice et les tribunaux, Hitler a miné les fondements mêmes de la puissance publique, et laissé par contrecoup quatre grands groupes lutter sans limites pour le pouvoir. Ainsi, l’armée, la bureaucratie, le parti et les industriels n’ont cessé de combattre pour ar
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