Après Fitch, Moody’s met la note de la France sous perspective négative

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L’agence de notation a annoncé maintenir la note hexagonale à Aa2, vendredi 25 octobre, tout en jugeant «peu probable» que le gouvernement réussisse à ramener le déficit à 5%.

C’est – encore – un avertissement à la France, même si la casse est limitée. L’agence de notation américaine Moody’s, comme Fitch il y a quinze jours, a décidé de maintenir la note de la France à Aa2 mais en l’assortissant d’une «perspective négative», au lieu de «stable» jusqu’ici. Autrement dit, Moody’s envisage une future baisse de la notation de la dette française. Pile au moment où l’un des gouvernements les plus fragiles que la France ait jamais connu cherche 60 milliards d’euros pour réduire le déficit et résorber une dette colossale de plus de 3 200 milliards. La mauvaise appréciation de Moody’s risque de faire grimper les taux auquel la France se refinance en émettant des obligations sur les marchés internationaux.

L’annonce de la note de Moody’s est intervenue en pleine séance d’examen du budget à l’Assemblée. Le ministre du Budget s’est est aussitôt servi pour défendre sa politique. «La note de la France est sous perspective négative car nous avons besoin de réformes structurelles. Nous ne résoudrons pas les problèmes de finances publiques si nous ne résolvons pas les équilibres de la production sociale dans notre pays, à commencer par la réforme des retraites», a lancé Laurent Saint-Martin. «Le déficit des retraites, c’est 3 %», a rétorqué le député LFI Eric Coquerel. «Le déficit que vous avez créé est dû aux cadeaux fiscaux faits aux plus riches.»

Un déficit à 5% «peu probable»

Pour Moody’s, cette perspective négative reflète le fait que l’agence juge «peu probable» que le gouvernement réussisse à ramener le déficit à 5 % du PIB, vu l’ampleur de l’effort budgétaire nécessaire. «La détérioration budgétaire que nous avons déjà constatée dépasse nos attentes et contraste avec celle des gouvernements de pays avec une note similaire, qui tendent à consolider leurs finances publiques dans le contexte actuel.» L’agence relève aussi «un environnement politique et institutionnel pas propice à une coalition autour de mesures politiques susceptibles d’améliorer durablement le solde budgétaire» et une «gestion budgétaire plus faible» qu’attendu.

Fitch avait déjà décidé le 11 octobre de maintenir la note de la France à «AA-» en la plaçant sousE«perspective négative», contre «perspective stable» auparavant. Reste à attendre la note de la troisième grande agence mondiale de notation, Standard & Poor’s, le mois prochain.

La dette française continue de séduire les investisseurs, mais ses taux d’intérêt désormais ont monté et atteignent celui de pays comme le Portugal ou l’Espagne, réputés plus risqués. «Nous sommes aujourd’hui, en Europe, un des pays les plus isolés en termes de déficit et de dette», et «nos partenaires européens nous regardent», a admis mardi le ministre de l’Economie et des Finances Antoine Armand, sur la chaîne TF1. C’est pour commencer à rétablir la trajectoire des finances publiques que le gouvernement défend depuis cette semaine au Parlement un budget de rigueur, qui affiche 60 milliards d’euros d’économies dont 40 milliards de baisses de dépenses et 20 milliards de hausses d’impôts.

Une note qui impacte peu les taux d’intérêt

La charge de la dette est aujourd’hui le deuxième poste budgétaire derrière l’éducation avec plus de 50 milliards d’euros et elle pourrait devenir le premier d’ici à 2027. Cela réduit d’autant les marges de manœuvre financières. Selon l’économiste Eric Dor, «souvent, l’impact d’une dégradation est insignifiant parce que les investisseurs sur les marchés étaient déjà au courant des problèmes du pays concerné et en tenaient déjà compte pour déterminer le taux d’intérêt exigé sur ses obligations».

Pour préserver la crédibilité de la France, le gouvernement souhaite en 2025 réduire les dépenses publiques, dont elle est championne en Europe, et augmenter les impôts des entreprises et des riches contribuables. Il peine cependant à convaincre une Assemblée nationale fragmentée, où il est minoritaire. Les atouts de la France (économie diversifiée, systèmes fiscal et bancaire solides notamment) «risquent d’être insuffisants» face à la difficulté «d’obtenir une majorité pour voter les mesures nécessaires à l’assainissement des finances publiques», souligne Eric Dor.

Le gouvernement entend ramener le déficit public de 6,1 % du PIB en 2024 à 5 % en 2025 pour revenir dans les clous européens en 2029, avec 2,8 %. Il prévoit que la croissance atteindrait 1,1 % en 2025 comme cette année, pénalisée par les mesures de redressement et que la dette publique continuerait de gonfler pour frôler les 115 % du PIB, presque le double du maximum fixé à 60 % par Bruxelles.

Le Fonds monétaire international (FMI) a alerté mercredi contre un risque de dérapage important sans efforts supplémentaires : le déficit atteindrait alors 5,9 % l’an prochain et resterait à ce niveau en 2029, avec une dette culminant à 124,1 % du PIB à cet horizon. L’agence S & P doit se prononcer quant à elle le 29 novembre. Elle avait déjà abaissé en mai dernier la note française de «AA» à «AA-».

Libération

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