Bruno Retailleau, LR, RN : qui a la droite ?

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L’édito de Paul Quino

Avec son credo ultraconservateur, le ministre de l’Intérieur peut espérer s’imposer comme l’un des hommes forts de sa famille politique, au demeurant très faible dans les urnes. Sans parvenir à se distinguer d’une extrême droite dominante électoralement.

La droite a-t-elle trouvé en Bruno Retailleau un visage susceptible d’incarner son avenir ? C’est la question. Les LR, électoralement laminés, ont miraculeusement retrouvé de l’espace politique grâce aux carabistouilles d’Emmanuel Macron et sa dissolution. La nomination de Michel Barnier en est le symbole, mais certainement pas une promesse durable. En entrant au gouvernement, l’ex-sénateur vendéen a fait le pari que la Place Beauvau n’était pas le pire des leviers pour mettre la main sur sa famille politique, chose qu’il n’avait pas réussi à faire lors de la présidentielle (il avait jeté l’éponge lors de la primaire), ou lors du dernier congrès LR, battu au second tour par… Eric Ciotti. Sitôt le gouvernement Barnier composé, il s’est imposé comme un de ses rares hommes forts.

Ce n’était entre nous pas très compliqué. Au-delà de la faiblesse ou de l’absence de notoriété de la plupart de ses collègues, Bruno Retailleau a des cartes non négligeables en mains : il est intelligent, structuré, indéniablement cultivé et, disent ceux qui le fréquentent, y compris parmi ses adversaires, courtois. Reste la question de la ligne politique. Elle est très très à droite. Très très conservatrice. Très très catholique. Très très très axée sur «l’ordre, l’ordre, l’ordre», avec l’immigration érigée quasiment en seul et unique problème de la société française. Cela laisse des pans entiers où le ministre de l’Intérieur ne semble rien avoir à dire. Nous n’en citerons que deux, difficiles à ne pas mettre au cœur des problèmes de notre pays : l’adaptation au changement climatique, la place accordée à la jeunesse.

Reste que cette droite «tradi» ou «réac», jamais vraiment remise de Mai 68, correspond évidemment à un courant de pensée historique de ce côté de l’échiquier politique. Il a même le vent dans le dos depuis quelques années, en France ou ailleurs de par le monde. Bruno Retailleau a néanmoins devant lui un obstacle de taille : le RN. Comment échapper au piège de la copie face à l’original ? LR est en tout cas aujourd’hui trop faible pour que la question de l’alliance avec l’extrême droite ne s’impose pas à l’ancien proche de François Fillon. Et il aura du mal à expliquer ce qui l’en distingue. Mais on fait le pari que voir triompher la «révolution» conservatrice sera, pour Bruno Retailleau, plus important que d’en être la tête de gondole. D’où le danger.

Libération

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