«People’s choice», au bonheur des quidams

Le centre d’art contemporain Passages de Troyes a rassemblé les objets fétiches de 130 personnes dans une expo joyeuse et sensible, qui érige l’intime en art.

L’exposition à Passages n’est pas une exposition d’art proprement dite, pas plus que les objets, présentés dans un accrochage salon (du sol au plafond, tout se serre) ne sont des œuvres. Et, hormis peut-être un certain Claude Rauche, qui a glissé sa carte de visite dans le coin d’une toile au camaïeu de brun figurant un visage ombrageux, ceux qui y participent ne se considèrent pas comme des artistes. Ils ont simplement répondu à la proposition reçue dans leur boîte aux lettres, lue sur une affiche à la boucherie ou sur le seuil de leur porte quand Maëla Bescond, la nouvelle directrice du centre d’art local, a frappé : «Vous êtes invité.e.s à déposer au centre d’art un objet de votre choix que vous considérez comme une œuvre d’art : un doudou, une photo, une affiche, un grigri, une collection, une peinture ou une sculpture que vous avez créée… La compilation de tous ces objets forme une exposition populaire, tel un portrait géant de la communauté́ locale.»

Enthousiasme enfantin

Portrait géant, c’était voir grand. N’empêche, 130 personnes ont joué le jeu – qui reste ouvert, puisque chacun peut encore livrer à Passages ce qui lui tient à cœur, pour un peu plus de trois mois. Et les deux salles d’exposition sont pleines de choses et surtout de récits personnels qui éclairent sur la valeur que chaque participant accorde à cette sculpture en fil de fer, à ces bouchons d’oreilles, à ce paquet de clopes, à ce bonhomme ventripotent fait de céleri, carotte et poivre de Sichuan séchés, à ces