Pour montrer ses frappes sur l’Iran, le ministère de la Défense israélien diffuse une photo d’il y a trois ans

Pour montrer ses frappes sur l’Iran, le ministère de la Défense israélien diffuse une photo d’il y a trois ans

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Guerre au Proche-Orientdossier

Après son attaque sur Téhéran, dans la nuit de vendredi 25 à samedi 26 octobre, l’exécutif israélien a posté une image censée illustrer les «frappes ciblées». La photographie date en réalité de 2021, et montre une explosion causée dans une raffinerie par une fuite de gaz.

C’est finalement dans la nuit de vendredi 25 à samedi 26 octobre qu’Israël a décidé de frapper l’Iran, en réponse aux attaques du 1er octobre. L’armée israélienne a revendiqué avoir conduit «des frappes précises et ciblées» sur «des sites de fabrication de missiles utilisés par l’Iran dans ses attaques contre l’Etat d’Israël au cours de l’année écoulée». Téhéran a reconnu l’existence de l’attaque, dont l’impact ne doit être «ni minimisé ni exagéré» selon l’ayatollah Ali Khamenei.

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Pour communiquer sur ces frappes, le ministère de la Défense a transmis aux journalistes israéliens une image sur laquelle on peut voir le ministre Yoav Gallant en train de suivre le déroulé de l’attaque de Tsahal sur Téhéran, entouré de militaires et de conseillers. Les écrans ont tous été floutés, à l’exception d’un seul, sur lequel on distingue une explosion. Selon le journaliste Emanuel Fabian, correspondant de guerre pour le média Times of Israel, l’image a été prise dans le quartier général souterrain de Tsahal.

Or comme l’indique le même Emanuel Fabian, l’image au centre de l’écran n’a en fait rien à voir avec les frappes israéliennes, puisqu’il s’agit d’une photographie prise par un journaliste de l’AFP en juin 2021, lors de l’explosion d’une raffinerie dans le sud de Téhéran. Selon une dépêche de l’époque de l’agence, les autorités iraniennes ont expliqué qu’une «explosion causée par la fuite d’une conduite de gaz» était à l’origine de cet incendie spectaculaire.

A noter que de nombreux internautes ont fait, avant même le ministre de la Défense, la même confusion. Sur le réseau social X, le journaliste Shayan Sardarizadeh, membre de l’équipe de vérification de la BBC, avait indiqué, une heure avant que Yoav Gallant ne poste l’image sur les réseaux sociaux, que cette photographie, «largement diffusée comme l’une des premières images des frappes israéliennes sur Téhéran», avait été prise en 2021.

Comment cette fausse image a pu se retrouver sur l’écran du QG de Tsahal ? Contacté par CheckNews, le ministère de la Défense israélien n’a pas répondu à notre sollicitation.

Le journaliste Emanuel Fabian a également signalé sur X que la photographie, en plus d’être diffusée sur les réseaux sociaux, avait été envoyée dans la nuit par les autorités israéliennes sur une «liste de diffusion WhatsApp pour les journalistes». Il a posté une capture d’écran de l’échange en question.

On peut y voir la photo de Gallant et de l’écran, montrant l’explosion, ainsi que deux images où il se trouve au côté du Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, dans la même salle. Dans un message en hébreu, envoyé à 3 h 27 (heure locale) en même temps que les photographies, un communicant du ministère de la Défense indique que «Yoav Gallant surveille l’attaque de Tsahal en Iran depuis le poste de commandement de la division des opérations, en compagnie du Premier ministre, du chef d’état-major adjoint, du chef de la division des opérations de Tsahal, du directeur général du ministère de la Défense et d’autres hauts fonctionnaires de l’establishment de la défense. Pour votre usage photos, photo : Ariel Harmoni, ministère de la Défense».

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La diffusion massive de cette image a conduit les médias iraniens à démentir toute frappe sur la principale raffinerie de Téhéran. «Aucun incendie ou explosion» n’y a été signalé, a ainsi précisé l’agence de presse iranienne Tasnim.

L’éventualité de frappes israéliennes sur les raffineries ou les sites nucléaires iraniens, en représailles de l’attaque de Téhéran début octobre, était un fort motif d’inquiétude de la communauté internationale. Aucun site de production n’a finalement été touché. En revanche, indiquait le New York Times, «les attaques israéliennes contre l’Iran ont détruit des systèmes de défense aérienne mis en place pour protéger plusieurs raffineries de pétrole et de produits pétrochimiques critiques, ainsi que des systèmes protégeant un grand champ gazier et un port majeur dans le sud du pays».

Libération

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