Bernard Bajolet, ex-patron de la DGSE, sera jugé pour complicité de tentative d’extorsion

Bernard Bajolet, ex-patron de la DGSE, sera jugé pour complicité de tentative d’extorsion

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L’ancien boss du renseignement français est accusé de complicité de tentative d’extorsion par l’homme d’affaires Alain Duménil, bête noire de l’institution qui lui réclame 15 millions d’euros.

Le patron de la DGSE bientôt sur le banc des accusés. Bernard Bajolet comparaîtra devant le tribunal judiciaire de Bobigny pour atteinte arbitraire à la liberté individuelle par personne dépositaire de l’autorité publique. L’homme d’affaires Alain Duménil accuse le service de renseignement, et donc Bernard Bajolet, d’avoir fait usage de la contrainte pour lui réclamer de l’argent en 2016. En mars de cette année-là, ce Franco-Suisse impliqué dans pléthore d’affaires judiciaires et de litiges commerciaux, s’apprête à embarquer pour Genève à l’aéroport de Roissy. Au guichet d’Air France, il est contrôlé par deux fonctionnaires de la police aux frontières qui l’invitent à les suivre au poste de police.

Dans le local, il se retrouve face à deux agents de la DGSE en civil. Se présentant comme «l’État», ils expliquent qu’il doit rembourser 15 millions d’euros à la France. Pour appuyer leur requête, ils lui montrent des photos de lui et de sa famille, prises en Angleterre et en Suisse. D’après Alain Duménil, ils auraient proféré des menaces.

L’homme d’affaires s’emporte et annonce porter plainte. Les agents, dont la DGSE n’a jamais révélé les noms à la justice, disparaissent. Dans son ordonnance datée du 23 octobre et dont l’AFP a eu connaissance, la juge d’instruction a suivi les réquisitions du parquet de Bobigny en renvoyant Bernard Bajolet devant le tribunal correctionnel de Seine-Saint-Denis, compétent pour l’aéroport de Roissy.

La magistrate instructrice estime qu’il existe des «charges suffisantes» à son encontre pour caractériser une complicité de tentative d’extorsion «par instructions données de procéder à un entretien dont il connaissait le lieu et les conditions de réalisation (…) ces conditions induisant le recours à la contrainte et rendant plus que vraisemblable l’usage de pressions au cours de cet entretien».

À la tête des services de renseignement extérieur français d’avril 2013 à mai 2017 avant de prendre sa retraite, Bernard Bajolet a été mis en examen en octobre 2022. «Ce procès, au-delà d’être celui de Bernard Bajolet, sera celui de la DGSE et du dévoiement de ses missions à des fins privées ; ce procès sera celui aussi de la vaine tentative de la DGSE de faire d’Alain Duménil le bouc émissaire de ses turpitudes», ont réagi dans un communiqué William Bourdon et Nicolas Huc-Morel, avocats du plaignant. Contactée par l’AFP, la DGSE n’a pas souhaité commenter un processus judiciaire en cours.

«Patrimoine privé»

Lors de son interrogatoire devant la juge d’instruction, Bernard Bajolet a expliqué qu’il avait seulement validé le principe d’une entrevue à l’aéroport mais n’était pas entré dans les détails de sa mise en œuvre. D’après lui, l’objectif était une prise de contact courte et sans contrainte. Alain Duménil est une bête noire de la DGSE depuis un litige qui remonte à plus de deux décennies.

Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, les services de renseignements extérieurs gèrent un «patrimoine privé» confié par l’État dans une volonté d’indépendance de l’institution en cas d’occupation étrangère ou de disparition du gouvernement. Ce patrimoine est légal et une partie – les fonds spéciaux – apparaît dans le budget de l’État mais il échappe pour autant à tout contrôle. D’après des sources sécuritaires interrogées par l’AFP, le montant de ce patrimoine n’est pas officiellement connu. Plusieurs investissements sont effectués par la DGSE, notamment à l’étranger.

À la fin des années 1990, la DGSE réalise des investissements infructueux dans une société. Une décennie plus tard, dans un échange de titres, Alain Duménil devient majoritaire dans cette société et cède à la DGSE des parts de sa holding. Il transfère par la suite les parts de la holding détenues par la DGSE dans trois autres sociétés qu’il détenait également.

La holding est mise en liquidation judiciaire. Dans la procédure judiciaire qui en découle, l’homme d’affaires a été mis en examen pour banqueroute. La DGSE estime qu’Alain Duménil lui doit 15 millions d’euros, dont trois d’intérêts.

Libération

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