Avec les tiers-lieux se construit la société du faire ensemble

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Panorama des tiers-lieuxdossier

Le président de France Tiers-Lieux, Patrick Levy-Waitz, milite pour un soutien financier et politique plus important de l’Etat envers ces endroits, sources d’initiatives citoyennes et de solidarité, en ville comme dans le monde rural.

A l’occasion des rencontres nationales des tiers-lieux à Toulouse, retour sur ces endroits où se construisent des projets collectifs favorisant l’économie circulaire, l’insertion, l’alimentation durable…

Dans une France traversée par des tensions politiques et sociales profondes, où les fractures économiques et le climat de défiance à l’égard des institutions démocratiques s’accentuent, les tiers-lieux se dressent comme des espaces d’espoir et de solutions.

Depuis plus de trente ans se développent, à bas bruit, dans une France souvent rurale, ces espaces où le «faire ensemble» devient réalité. 1 800 en 2018, ils sont aujourd’hui plus de 3 500, dont 60 % en dehors des grandes métropoles et un tiers en milieu rural, et ils seront probablement plus de 5 000 d’ici fin 2026. Cette croissance spectaculaire est avant tout le fruit d’une dynamique citoyenne, d’hommes et de femmes, en milieu rural comme en ville, qui bâtissent des lieux de coopération, de création et d’innovation sociale, économique et environnementale. Ils incarnent une France qui se transforme et se responsabilise, en inventant de nouveaux modèles économiques et sociaux en hyper proximité. Il aura fallu une mission ministérielle en 2018, à l’initiative de Julien Denormandie [et menée par l’auteur de cette tribune, ndle], pour que la puissance publique reconnaisse pleinement l’importance de ce mouvement citoyen et s’engage à l’accompagner.

De 80 % de financement public à seulement 45 %

Dans ces espaces, plus de 50 000 structures – associations, petites et moyennes entreprises – collaborent pour réinventer l’économie des territoires. Ils redéveloppent des manufactures de proximité, en mutualisant des machines, outils et compétences pour revitaliser les savoir-faire et accompagner les artisans et entrepreneurs locaux. Ils réparent et recyclent des vélos, des jouets ou encore des ordinateurs. En quatre ans, leur modèle économique est passé de 80 % de financement public à seulement 45 %, prouvant ainsi qu’une autre économie est possible et viable. Une économie des territoires, soutenue par les maires et les élus locaux, qui répond à l’exigence sociale de recréer du lien et des activités dans ce que certains appellent le dernier kilomètre, mais qui est en réalité le premier.

Si l’Etat est venu tardivement soutenir les tiers-lieux, bien plus tard que les collectivités locales, il a pris il y a cinq ans la mesure de ce mouvement et a déployé depuis une politique publique ambitieuse qui est venue en soutien de tiers-lieux qui font chaque jour la preuve de leur efficacité.

A la suite de l’impulsion du gouvernement d’Edouard Philippe et l’engagement renouvelé de celui de Jean Castex, 50 millions en 2019 puis 130 millions d’euros en 2021 ont permis le développement de près de 400 «fabriques de territoire», tiers-lieux ressources pour le développement territorial ; 100 «manufactures de proximité», tiers-lieux de production locale ; 185 tiers-lieux de formation. L’an dernier, l’appui du gouvernement d’Elisabeth Borne et le soutien à l’unanimité de l’Assemblée nationale avaient permis de conserver un budget de 18 millions d’euros.

Une France qui prend son destin en main

Il est rare de voir une politique publique produire autant de résultats avec si peu de moyens. Ce succès est le fruit d’une co-construction unique entre l’Etat (cinq ministères et l’Agence nationale de la cohésion des territoires), les collectivités et les acteurs de terrains grâce à l’engagement de l’Association nationale des tiers-lieux. Pourtant, cette politique ambitieuse, certainement une des plus signifiantes réponses aux besoins de liens et de services de proximité, risque d’être arrêtée net par la coupe drastique de ses moyens.

Aujourd’hui, l’heure des choix est venue. Allons-nous renoncer à cette politique qui transforme nos territoires, soutient des solutions concrètes et accompagne des acteurs du changement ? Ou allons-nous l’investir et opter pour de nouvelles voies en réponse aux défis écologiques, économiques et sociaux ?

Nous faisons le vœu que cette politique en faveur d’une France qui prend son destin en main, croit en l’action citoyenne et agit par la coopération, continue d’être soutenue et amplifiée. C’est en soutenant les initiatives citoyennes, aux côtés des élus locaux engagés, que nous construirons une société plus juste, plus solidaire et plus durable.

France Tiers-Lieux est un groupement d’intérêt public qui réunit l’État, représenté par 5 ministères et l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires, et l’Association Nationale des Tiers-Lieux.

Libération

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