«La Mâchoire de Freud», une prothèse mal soutenue

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Essai

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Yann Diener fait un parallèle peu convaincant entre le cancer du savant et les robots conversationnels.

Le cancer de la mâchoire diagnostiqué chez Freud en 1923 alors qu’il avait 67 ans serait un sujet de livre passionnant. L’inventeur de la psychanalyse, l’initiateur de cette révolution qui repose sur la parole (et le silence) n’a progressivement plus réussi à parler. Il a été opéré une trentaine de fois dans les seize dernières années de sa vie, a subi des greffes, reçu une prothèse, mais il a eu de plus en plus de mal à mâcher et à s’exprimer, en venant à se taire. Le psychanalyste Yann Diener, qui tient une chronique dans Charlie Hebdo, a éveillé notre intérêt en intitulant son texte la Mâchoire de Freud, d’autant plus qu’il écrit dans les premières pages que «cette maladie du fondateur reste un point aveugle, une histoire refoulée par les psychanalystes eux-mêmes». Mais Yann Diener établit vite une articulation peu convaincante, qui brise l’enthousiasme initial : de même que Freud s’est tu progressivement à cause de sa prothèse – une machine –, nous sommes ou serons les victimes de la multiplication des robots conversationnels et de ce que Diener a appelé, dans la LQI (les Belles Lettres, 2022), la «langue quotidienne informatisée». Cet acronyme et ce titre font évidemment écho au livre magistral de Victor

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