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Accusée d’avoir envoyé des milliers de soldats en Russie, c’est par le tir en mer du Japon de l’un de ses plus puissants missiles que la Corée du Nord a réagi ce jeudi 31 octobre. «Vers 7 h 10» heure locale, soit mercredi à 23 h 10 en France, l’armée sud-coréenne «a détecté» le missile balistique «lancé depuis la région de Pyongyang», en direction de la mer du Japon, a relaté l’état-major interarmées sud-coréen.
Soit quelques heures seulement après que les chefs de la défense des Etats-Unis et de la Corée du Sud ont appelé Pyongyang à retirer ses troupes de Russie. Depuis lundi, Washington et Séoul affirment en effet que pas moins de 10 000 soldats y ont été déployés en vue d’une éventuelle action contre les forces ukrainiennes. La Corée du Nord et la Russie ont récemment renforcé leurs liens militaires. Vladimir Poutine avait même effectué une rare visite à Pyongyang en juin, signant un accord de défense mutuelle avec Kim Jong-un.
Coopération
La Corée du Nord, qui n’a pas confirmé ou infirmé la présence de ses troupes en Russie, a en revanche confirmé un test de missile balistique «crucial» supervisé par Kim Jong-un, dans l’optique de «renforcer ses forces nucléaires». L’engin appartient à «la classe des missiles balistiques intercontinentaux», qui ont une portée d’au moins 5 500 kilomètres. Ils sont généralement conçus pour porter des charges nucléaires, a expliqué le ministre japonais de la Défense. Le régime veut également faire savoir à ses «rivaux» sa «volonté de riposter», a défendu Kim Jong-un lors du lancement, d’après l’agence d’Etat nord-coréenne KCNA.
«Détourner l’attention» des soldats coréens envoyés en Russie
Ce nouveau tir nord-coréen a aussitôt été «fermement» condamné par la Maison Blanche qui a dénoncé une «violation flagrante» des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Pyongyang, sous le coup de multiples sanctions, a l’interdiction d’effectuer des essais d’armes recourant à la technologie balistique. De son côté, Pékin se dit «préoccupé» «en tant que voisin proche de la péninsule coréenne», selon la porte-parole du ministère des Affaires étrangères du pays. Lin Jian a également appelé à une «résolution politique».
Implication
L’armée sud-coréenne avait prévenu la veille que le Nord, doté de l’arme nucléaire, se préparait à tester un missile balistique intercontinental, voire à procéder à un essai nucléaire, peut-être avant la présidentielle américaine du 5 novembre. La Corée du Nord procède généralement aux tirs d’essai de ses missiles les plus puissants et de plus longue portée sur une trajectoire ascendante, c’est-à-dire vers le haut et non vers l’extérieur, pour éviter de survoler les pays voisins. «C’était le temps de vol le plus long jamais enregistré (pour un missile nord-coréen)», a de son côté commenté le ministre japonais de la Défense Gen Nakatani.
Risque de double escalade
Le tir nord-coréen «semble avoir été mené pour détourner l’attention des critiques internationales sur le déploiement de ses troupes» en Russie, analyse le président de l’Université des études nord-coréennes à Séoul, Yang Moo-jin. Selon Washington et Séoul, quelque 10 000 soldats nord-coréens se trouvent en Russie, sans que leur mission soit clairement identifiée. «Le fait qu’un nombre aussi important de soldats se soit déplacé vers l’ouest suggère qu’il est peu probable qu’ils soient partis simplement pour observer», a néanmoins expliqué un responsable du bureau présidentiel sud-coréen.
Ce déploiement laisse craindre une double escalade, dans la péninsule coréenne et dans le conflit en Ukraine initié par Vladimir Poutine il y a deux ans et demi. Séoul, qui accuse depuis longtemps le Nord d’envoyer des armes pour aider Moscou à combattre Kyiv, a fait savoir qu’il n’excluait plus d’envoyer de l’armement directement à l’Ukraine. Un changement de position important pour la Corée du Sud, importante exportatrice d’armes, puisqu’elle s’y opposait jusqu’à présent – sa politique nationale, de longue date, interdisait de fournir des armes dans des conflits actifs.
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