Catastrophe naturelle
Une première analyse par le consortium d’experts du World Weather Attribution estime ce jeudi 31 octobre que la hausse mondiale des températures a renforcé d’environ 12 % l’intensité des précipitations historiques tombées en quelques heures en Espagne mercredi.
Sans surprise, les pluies diluviennes qui se sont abattues sur le sud-est de l’Espagne dans la nuit de mardi à mercredi 30 octobre, tuant au moins 158 personnes dans des inondations catastrophiques, ont été renforcées par le changement climatique. En effet, une analyse rapide du World Weather Attribution, un consortium d’experts des événements météorologiques extrêmes, estime que «les fortes précipitations qui ont frappé le sud de l’Espagne ont été environ 12 % plus importantes et rendues deux fois plus probables» par la hausse mondiale des températures. De fait, les précipitations ont atteint 500 mm dans la région de Valence, soit le total annuel normal dans cette région.
Ce document n’est pas une étude d’attribution complète et détaillée car les scientifiques n’ont pas simulé l’événement dans un monde sans réchauffement d’origine humaine. Toutefois, les spécialistes affirment que le changement climatique a aggravé l’intensité de ces pluies car une atmosphère plus chaude contient plus d’humidité, entraînant ainsi des averses plus importantes. Et, dans le monde plus chaud de 1,3°C par rapport à l’ère préindustrielle dans lequel nous vivons actuellement, l’atmosphère contient désormais 9 % d’humidité de plus.
Surchauffe de l’Atlantique
L’ONG Climate Central partage ce constat. «Le système dépressionnaire à l’origine de ces inondations historiques a puisé dans une rivière atmosphérique [une dépression très active, ndlr] transportant l’excès d’humidité provenant de l’Atlantique tropical, exceptionnellement chaud», écrivent les spécialistes dans leur analyse. Ils affirment ainsi que le changement climatique a rendu 50 à 300 fois plus probables les températures élevées de l’océan Atlantique, apportant de l’humidité à l’orage qui s’est abattu sur l’Espagne.
«A l’heure où nous parlons, le typhon Kong Rey fait des ravages à Taiwan, 24 heures à peine après les inondations en Espagne», a rappelé Ben Clarke, maître de conférences au Centre de politique environnementale de l’Imperial College de Londres et cité par le World Weather Attribution. «Ces événements successifs montrent à quel point le changement climatique est déjà dangereux avec seulement 1,3 °C de réchauffement. Mais si nous ne remplaçons pas les combustibles fossiles par des énergies renouvelables, nous devrons faire face à un avenir marqué par des conditions météorologiques extrêmes ininterrompues.»
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Même constat du côté de Friederike Otto, également maître de conférences au Centre de politique environnementale. «La combustion du pétrole, du gaz et du charbon est la principale raison pour laquelle le climat s’est réchauffé et que nous connaissons aujourd’hui des conditions météorologiques aussi extrêmes.» Le spécialiste appelle au développement des énergies renouvelables, comme le solaire et l’éolien, moins chers que les combustibles fossiles et bien plus avantageux pour la santé humaine et la planète. «Nous devons aussi nous adapter. Le nombre de personnes décédées dans les inondations en Espagne souligne vraiment le besoin critique de se préparer à des conditions météorologiques extrêmes qui sont pires que tout ce que l’on a connu dans le passé», ajoute-t-il.
Le 24 octobre, les Nations unies ont prévenu que les mesures mises en œuvre par la communauté internationale menaient le monde vers un réchauffement de + 3,1 °C d’ici à la fin du siècle. De quoi rendre ces épisodes de précipitations extrêmes encore plus intenses et plus fréquents.
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