Depuis la fin de la guerre d’Algérie en 1962, la relation entre la France et l’Algérie est éruptive. L’Algérie est un objet de discorde diplomatique régulier et, depuis quelques années, elle est présentée en France comme “un épouvantail identitaire”, selon l’historienne Naïma Huber-Yahi.
Ce pays d’Afrique du Nord est un thème récurrent des débats politiques et médiatiques essentiellement portés par la droite française, où se confondent faits divers, crise migratoire, islamisme, obligations de quitter le territoire français, nostalgie de l’Algérie française, théorie complotiste du “grand remplacement”, électoralisme, passé colonial et même pâte à tartiner.
“Un membre fantôme de la France”
Aucune autre contrée, sans doute, ne tient une place aussi spéciale dans la sphère publique et intime de tant de gens. “Historiquement et démographiquement très présents, les Algériens sont devenus notre première immigration en supplantant les Italiens ou les Portugais”, indique Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII).
En 2023, selon des données publiées fin juin par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), 892 000 immigrés vivant en France – sur 7,3 millions, soit 12 % du total – sont nés en Algérie. Et, comme l’a rappelé à plusieurs reprises l’historien Benjamin Stora, “aujourd’hui, en France, plus de sept millions de résidents sont toujours concernés par (…) la mémoire de l’Algérie”, qui touche soldats, rapatriés (pieds-noirs et juifs), appelés, harkis, immigrés ou binationaux.
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