Les zombis du cinéma passés au tamis de l’anthropologie

Philippe Charlier, anthropologue, médecin légiste et commissaire de l’exposition «Zombis, la mort n’est pas une fin ?», passe en revue trois films où cette figure est restée plus ou moins fidèle à ses origines.

Y a-t-il plus fin connaisseur de zombi(e)s que Philippe Charlier, directeur du Laboratoire anthropologie, archéologie, biologie de l’université Paris-Saclay ? Il a commis un ouvrage sur le sujet (Zombis, enquête sur les morts-vivants, éd. Tallandier, 2015), est par ailleurs médecin légiste (son handle Twitter est doctroptard) et s’est un jour fait enterrer vivant selon le rite de zombification vaudou haïtien, histoire de voir ce que ça fait, de recevoir des pelletées de terre sur la face (ça lui a semblé long). Pour Libé, il passe au tamis anthropologique trois films cultes dédiés au sujet.

Les Morts-vivants de Victor Halperin (1932)

«Comparé à d’autres films de zombies farfelus, celui-ci a un avantage certain : il se situe au moins dans la Caraïbe. Le zombie n’y est pas tout à fait le zombi cardinal d’Haïti, mais il est sous le sortilège d’un sorcier vaudou blanc, joué par Béla Lugosi. Ce qui me passionne dans ce film, c’est la minute et demie du début où l’on voit des Occidentaux en costume colonial menés par un homme du cru, qui parle en français et en créole, et dont la voiture passe près de funérailles qui ont lieu sur une route. Le cocher explique que l’enterrement se déroule dans un lieu très passant pour éviter que le mort ne soit déterré. C’est une coutume qui a toujours cours ! On peut toujours, aujourd’hui, enterrer quelqu’un sous une route passante. Enfin, disons que ce n’est pas légal, mais que c’est toléré, afin qu’avec tout le passage – les bus, les camions – l’on empêche le corps d’