Niger : à Niamey, la junte débaptise les noms de rues français

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Fidèles à leur rhétorique souverainiste, les autorités militaires nigériennes ont rebaptisé des avenues ou des monuments de la capitale qui portaient jusque là des noms rappelant l’ancienne puissance coloniale.

Ne cherchez plus sur Google Maps, elle a déjà disparu. L’avenue de Charles-de-Gaulle, au cœur de la capitale nigérienne, Niamey, a été débaptisée par le régime militaire mardi 15 octobre. «La plupart de nos avenues, boulevards, rues, portent des noms qui rappellent tout simplement les souffranes et les brimades subies par notre peuple par l’épreuve de la colonisation, a déclaré le colonel-major Abdramane Amadou, ministre de la Jeunesse et porte-parole de la junte, lors d’une cérémonie. Cette avenue qui portait le nom du général Charles de Gaulle est désormais baptisée avenue Djibo Bakary.» Premier maire élu de Niamey, Djibo Bakary (1922-1998) fut l’un des grands partisans de l’indépendance du Niger.

Au pas de charge, sur fond de musique militaire, plusieurs cadres du régime ont arpenté les artères de la capitale pour inaugurer les nouveaux noms. La place de la Francophonie est devenue place de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), du nom de la confédération créée en 2023 avec le Mali et le Burkina Faso, deux voisins également dirigés par des militaires putschistes qui ont tourné le dos à la France. Quelques centaines de mètres plus loin, le monument dédié aux morts des deux Guerres mondiales devient Bubandey Batama («A nos morts» en langue djerma) et rend désormais «hommage à toutes les victimes civiles et militaires de la colonisation à nos jours».

Un autre édifice a été totalement modifié : le portrait du commandant et explorateur colonial français Parfait-Louis Monteil (1855-1925), gravé depuis des décennies dans un monument en pierre, a été remplacé par une plaque à l’effigie de Thomas Sankara. L’ex-président du Burkina Faso, tué dans un coup d’Etat en 1987, est une figure du panafricanisme dont le colonel Amadou a salué mardi la «lutte de libération» et «d’émancipation des peuples» qui «continue encore d’inspirer les populations».

Avec cette opération symbolique, le régime nigérien entretient sa rhétorique de «souveraineté» et sa politique de rupture avec la France, entamée depuis le coup d’Etat qui l’a porté au pouvoir l’an dernier. Les militaires français de l’opération «Barkhane» ont été chassés, l’ambassadeur expulsé et le centre culturel franco-nigérien a cessé de fonctionner en tant qu’établissement binational. Il a été renommé Moustapha Alassane, du nom d’un cinéaste nigérien. La journée du 26 juillet, date du coup d’Etat qui a porté les militaires actuels au pouvoir, a été déclarée fête officielle.

Libération

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