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L’édito d’Alexandra Schwartzbrod
Le scrutin de ce mardi semble devoir ouvrir la porte à une nouvelle phase difficile, entre la perspective d’un retour au pouvoir de Trump et celle d’une insurrection de ses partisans frustrés et survoltés.
Contrairement à ce que le calendrier pourrait laisser penser, nous n’entrons sans doute pas dans la dernière ligne droite de ces élections américaines. La ligne risque d’être bien sinueuse et peut-être même accidentée jusqu’à la prise de fonction de celle ou celui qui, le 20 janvier, succédera à Joe Biden à la Maison Blanche. Ces derniers jours de campagne ont montré que l’ambiance, aux Etats-Unis, n’avait rien à voir avec la montée en tension habituelle à un scrutin de cette importance.
Non, nous sommes passés dans une autre dimension qui inclut insultes, obscénités et menaces de mort dans la bouche d’un des candidats. Donald Trump sait qu’il tient là sa dernière chance de revenir au pouvoir et que les pires ennuis judiciaires l’attendent s’il ne bénéficie pas de l’immunité qu’offre le statut de président. N’ayant plus rien à perdre, il se lâche. D’autant plus que ses partisans en redemandent et qu’aucune loi ne l’empêche de satisfaire verbalement ses pulsions vengeresses et destructrices. Résultat : un climat de haine et une Amérique plus que jamais coupée en deux, l’une des deux moitiés étant bien décidée à en découdre avec l’autre si son candidat n’est pas élu, celui-ci l’ayant convaincue que la précédente élection avait été truquée et que celle-ci l’était tout autant.
Cette tragédie dépasse largement le sort de deux personnes, deux équipes ou deux partis. Elle montre que c’est bien la démocratie qui est en jeu et, au-delà, le sort du monde. Si Donald Trump était élu, la première puissance mondiale tomberait entre les mains d’un homme prêt à encourager la guerre civile pour parvenir à ses fins, à nier le dérèglement climatique pour mieux satisfaire les géants pétroliers, à pactiser avec Vladimir Poutine pour mettre fin à la guerre en Ukraine, et à piétiner les droits des femmes. La planète tout entière est donc suspendue à un scrutin qui n’a jamais été aussi serré dans l’histoire des Etats-Unis, Kamala Harris n’étant pas parvenue à profiter de la légère avance que lui avait donné, un temps, l’effet de surprise dû au renoncement tardif de Joe Biden. Un frémissement en sa faveur était perceptible ces dernières heures. Une seule chose est sûre : si elle est élue, ce sera grâce au vote des femmes, qui ont massivement compris la toxicité de Donald Trump.
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