Désormais ancré dans les pratiques, le télétravail reste réservé à une minorité de salariés

Désormais ancré dans les pratiques, le télétravail reste réservé à une minorité de salariés

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Quasiment tous les ouvriers et la plupart des employés sont privés de ce mode d’organisation. Celles et ceux qui en bénéficient souhaiteraient globalement télétravailler davantage, selon deux études de la Dares.

Il est mort le télétravail ? L’idée plane au-dessus de quelques couvertures médiatiques récentes prophétisant «la fin d’une époque», justifiées par le fait qu’un certain nombre de groupes français et internationaux ont annoncé ou mis en œuvre, ces derniers mois, des coups de frein sur ce mode de travail qui s’était massifié durant le confinement de 2020. Mais au-delà de ces exemples très divers, où en est-on vraiment ? Deux études de la Direction des recherches et des études du ministère du Travail, la Dares, publiées ce mardi 5 novembre, permettent de dresser un tableau pertinent.

Premier constat : loin d’avoir disparu avec la fin de la crise sanitaire, ce que l’on nomme poétiquement, dans les entreprises concernées, le «travail en distanciel» semble au contraire durablement installé dans le paysage. Mais avec 60 % de salariés qui affirment ne pas être sur un poste télétravaillable, dont la quasi-totalité des ouvriers et des employés, il demeure forcément réservé à une minorité : 26 % des salariés en 2023, soit près de 6,2 millions de personnes. C’est bien plus qu’en 2019, quand 9 % de la population seulement y avait accès, mais le reflux est indéniable depuis 2021, quand la proportion était encore de 31 %. De fait, entre 2021 et 2023, le télétravail a reculé notamment chez les employés et les professions intermédiaires, tandis que «seuls les cadres ont continué de télétravailler plus qu’avant», relève Louis-Alexandre Erb, l’un des deux auteurs. Parmi cette population représentant à elle seule 61 % des télétravailleurs, les ingénieurs informatiques, les cadres administratifs, comptables et financiers, les cadres commerciaux constituent les trois grandes familles professionnelles les plus représentées, avec des taux de télétravailleurs dépassant les 70 %.

Un «vivier» privé de télétravail

En arrière-plan, il y a celles et ceux qui souhaiteraient télétravailler, mais n’en ont pas la possibilité bien que leur poste soit adapté. Dans ce «vivier» représentant 10 % des salariés, soit 2,2 millions de personnes, on trouve de nombreuses secrétaires, qui sont 21 % à télétravailler et 27 % à souhaiter le faire. Dans la fonction publique également, 20 % des employées et employés administratifs de catégorie C et assimilés, soit 144 000 personnes, voudraient télétravailler. Derrière se cache l’épineuse question du juste équilibre à trouver dans l’organisation du télétravail. En 2021, plus de la moitié des télétravailleurs voulaient moins télétravailler. En 2023, ils sont à l’inverse 44 % à vouloir télétravailler davantage, les organisations plébiscitées étant celles prévoyant deux jours par semaine (29 % des salariés le souhaiteraient), ou bien de deux à quatre jours (29 % aussi). Or, en 2023, la pratique majoritaire consiste à télétravailler un jour par semaine ou quelques jours par mois. Ils sont en revanche une très petite minorité, 8 %, à souhaiter un télétravail intégral. Ces données ont pu évoluer depuis, de nombreux accords d’entreprise sur le télétravail ayant été révisés au cours des derniers mois.

Des inégalités toujours prégnantes

De cette installation du télétravail dans les pratiques, il résulte aussi que la moitié des télétravailleurs sont aujourd’hui des femmes, alors qu’elles n’en représentaient que 43 % en 2019. Signe qu’avant la crise, ce mode d’organisation était une forme de privilège masculin. Seulement, cela n’a en rien soldé les inégalités. Au sein des couples ayant un enfant de moins de 3 ans, si les hommes télétravailleurs sont plus nombreux que les non-télétravailleurs à faire au moins sept heures de travail domestique chaque semaine (56 % contre 44 %), les femmes télétravailleuses dans cette situation ne sont pas moins nombreuses que les non-télétravailleuses, au contraire (67 % contre 65 %). Autrement dit, si le télétravail réduit les écarts, il ne déleste pas les femmes pour autant. D’autant que la charge mentale liée à la gestion du foyer est plus forte pour les télétravailleuses (elles sont 54 % à être «préoccupées» par ces sujets) que pour les non-télétravailleuses (50 %), tandis qu’elle baisse chez les télétravailleurs (qui sont 34 % à être «préoccupés», contre 45 % des non-télétravailleurs).

Un meilleur état de santé en télétravail

Deuxième constat crucial : le télétravail semble corrélé à de meilleures conditions de travail. A poste équivalent, les non-télétravailleurs se déclarent ainsi plus soumis à des exigences émotionnelles, à un manque de reconnaissance et d’autonomie ou à de l’insécurité professionnelle que leurs semblables télétravailleurs. L’intensité du travail, en revanche, semble vécue de manière similaire quelle que soit la situation. L’étude confirme ce que de nombreux télétravailleurs ont déjà pu constater : si travailler chez soi permet notamment d’être moins interrompu et de mieux s’organiser, cela se paye par un manque de relations collectives, mais aussi par des conditions souvent loin d’être optimales – de nombreux télétravailleurs sont sous-équipés ou ne bénéficient pas de compensation financière alors que cela leur en coûte en électricité, en chauffage, en usage d’outils personnels…

Ces éléments mis bout à bout contribuent à expliquer que les télétravailleurs présentent un meilleur état de santé global que leurs collègues non-télétravailleurs, sauf qu’ils sont aussi plus susceptibles de travailler en étant malades, puisque leur taux de présentéisme (le nombre de jours travaillés en étant malade sur le nombre total de jours de maladie) est de 53 %, contre 45 % pour les non-télétravailleurs sur un poste télétravaillable. «Une différence uniquement due aux femmes», précise Mikael Beatriz, un des auteurs, l’étude précisant que cela peut s’expliquer, entre autres choses, par «une adaptabilité plus fréquente des horaires en cas de télétravail chez les femmes».

Libération

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