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Disparition
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Libre et tourmenté, l’homme au style magistral a déployé une œuvre de contrastes brutaux, entre corps fragiles et violence crue. Il est mort le 28 octobre à 88 ans.
Kazuo Umezu, c’est des yeux. Une cohorte de regards fous, nerveux, pétrifiés, qui au fil des milliers de pages de son œuvre se chargent de hurler quand il faut se faire oublier, tout petit, pour échapper au monstre qui rôde. Des yeux gigantesques par les émotions mais aussi parce qu’ils surmontent de tout petits corps, des silhouettes d’enfants. Grand sculpteur de ténèbres qui a remodelé le paysage de la peur des années 60 à 90, Kazuo Umezu a façonné l’œil de générations de créateurs, auteurs de bande dessinée, romanciers et cinéastes. On a appris ce mardi la mort du maître japonais, le 28 octobre. Il avait 88 ans.
Né dans la préfecture de Wakayama, au sud de Kobe, en 1936, Umezu a commencé comme tous les ados de sa génération par copier le jeune génie Osamu Tezuka. Au collège et au lycée, pour nourrir son obsession, il écrit des récits inspirés de contes avant d’en expédier les manuscrits aux journaux. Il est encore lycéen quand ses premières BD sont publiées, à son insu. A 19 ans, il transforme ces heureuses surprises en métier. Plutôt que de monter à Tokyo, il s’installe plus au sud, dans la région du Kansai, où il pense gagner en liberté. Il s’essaie à différents genres, touche à la comédie romantique, et c’est au mitan des années 60 qu’il se fait un nom en jetant une ado de dessin animé (yeux immenses, nœud dans les cheveux) entre les griffes d’un monstre qui s’insinue sous la peau de sa maman. Le récit, vénéneux et à destination d’un public enfantin, fracasse la figure
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