Effondrement de la rue d’Aubagne à Marseille : un procès pour démêler «un drame de la routine»

A partir de jeudi et jusqu’au 16 décembre au moins, seize personnes physiques et morales sont renvoyées devant le tribunal correctionnel de Marseille pour répondre de l’effondrement de trois immeubles qui avait fait huit morts le 5 novembre 2018. Au-delà du quartier de Noailles, marqué par la catastrophe, c’est toute une ville qui attend justice..

Lorsqu’il sort acheter ses cigarettes, ce 5 novembre 2018 autour de 8h15, Rachid remarque de grosses pierres qui tombent de son immeuble. Taher Hedfi et Cherif Zemar, les deux copains qu’il héberge, dorment toujours dans l’appartement qu’il loue au deuxième étage du 65, rue d’Aubagne, dans le quartier de Noailles à Marseille. Ouloume Saïd Hassani, la dame du premier, est revenue chez elle après avoir déposé son fils à l’école : c’est la rentrée ce lundi après deux semaines de vacances et il pleut encore. Au cinquième étage, Marie-Emmanuelle Blanc a appelé les marins-pompiers dans la nuit. La quinquagénaire s’inquiétait de craquements importants entendus depuis son lit, de nouvelles fissures étant apparues dans l’appartement. Les dégradations s’accélèrent, ses voisins aussi l’ont remarqué. L’immeuble a même été temporairement évacué il y a peu, le 18 octobre. Au téléphone, le pompier l’avait rassurée : «Un immeuble, ça ne s’effondre pas comme ça, d’un coup.»

Trop inquiets, certains habitants ont préféré partir dans le week-end. Les parents de Simona Carpignano, la locataire du troisième, auraient voulu qu’elle parte, elle aussi, mais les experts qui étaient passés le 18 octobre s’étaient montrés confiants, leur avait-elle assuré. Ce 5 novembre à 10 heures, elle a d’ailleurs rendez-vous pour signer le bail d’un nouvel appartement. Chez la trentenaire italienne, ce matin-là, dormait aussi un ami, Pape Magatte Niasse, 40 ans. A 9 heures, ce 5 novembre, son voisin d’en face