On n’avait pas connu de telle attente depuis la prestation de Céline Dion à la cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024. À l’occasion du Mondial de l’automobile, qui ouvre ses portes au public ce mardi, Renault présente sa nouvelle R5 électrique, star annoncée du « Salon de l’auto ».
Dès ce lundi, les professionnels se sont pressés sur le stand de la marque au losange. Certes, les nombreux constructeurs chinois sont les premiers à lancer le spectacle de sons et lumières avec des présentations dignes de la signature de Mbappé au Real, à grands coups de musiques épiques et de voitures cachées sous des draps.
Un best-seller tombé devenu un peu ringard
Mais la « légende locale » est bien là et ses admirateurs, nombreux, parlent anglais, allemand ou italien, preuve de son aura internationale… Etonnant quand on connaît l’histoire de la R5. Sortie en 1972 pour les premiers modèles, la citadine a connu une belle jeunesse, trustant les premières places de ventes en France grâce à son aspect jeune, son « peps » de petite voiture cool, colorée et pas chère entretenue par ses petites sœurs presque jumelles, la Super 5 et la version turbo.
Mais avec le temps, le modèle est peu à peu tombé en désuétude, et au fil des années 1990 et 2000, elle est devenue la « titine » des jeunes et des maigres bourses, le véhicule de secours qu’on garde « tant qu’elle roule » jusqu’à presque totalement disparaître de l’asphalte.
« Elle était sympa et mignonne au départ, mais c’est vrai qu’avec le temps, on s’est rendu compte qu’elle manquait vraiment de caractère et de sex-appeal », s’amuse Clarisse, la petite cinquantaine qui se remémore ses virées de jeunesse. « Ce n’est pas le genre de petites bagnoles qu’on rêve de retaper des années plus tard comme ça a été le cas des 2CV ou des Austin Mini », ajoute Thierry, son collègue.
Renault recycle ses « icônes »
Oui, et oui. Sauf qu’en posant la question, que ce soit aux badauds attendant les transports à la porte de Versailles, ou aux professionnels à l’intérieur du Parc des Expositions ce lundi, tous se souviennent et ne peuvent retenir un petit sourire de nostalgie. « Ça fait partie du patrimoine maintenant, on aime ou pas, c’est là », se reprend Thierry.
Et c’est bien la raison pour laquelle Renault a décidé de recycler le modèle. Et pas que lui. Sur le stand du groupe posent fièrement d’autres modèles électriques : la nouvelle Twingo, la R17 (sortie en 1971) et surtout la R4, petite fille reconnaissable de la mythique 4L. C’est dans les vieux pots (d’échappement) qu’on fait les meilleures soupes semble nous dire Renault.
« Nous avons une marque centenaire avec de véritables icônes qui ont marqué leur temps », explique à 20 Minutes, Aurélien Subsol, responsable produit d’Ampère, la plateforme des petites voitures électriques de Renault. « Alors pourquoi ne pas puiser dans ce riche passé, et en profiter, pour se réinventer ? », ajoute-t-il en justifiant, le design « rétrofuturiste » de ces nouveaux modèles.
Les petites nouvelles gardent leurs lignes, à défaut de garder la ligne
Pari réussi pour ce point, personne ne doute de l’arbre généalogique des petites dernières de la famille sur le stand du constructeur. Il faut dire que le directeur général du groupe, l’Italien Luca de Meo, en a fait une spécialité. C’est lui qui était déjà à l’origine de la renaissance de la Fiat 500 avant d’arriver en France.
La même recette est ici appliquée : on garde la ligne générale de la R5, le séant de la Super 5, et les pneus écartés aux extrêmes de la R5 turbo pour un côté plus sport. À cela rajoutez une bonne dose d’électronique, de navigation Google, d’intelligence artificielle, et une pincée (ou plutôt une poignée) de lumières et autres leds en tous genres, la marque des véhicules électriques actuels.
Pour la 4L, pardon la R4, la filiation est moins évidente. « Ah je n’avais pas remarqué que c’était ça, s’excuse presque Marie-Anne venue admirer les nouvelles voitures en voisine de stand, mais c’est vrai qu’on reconnaît un peu la forme de la calandre et surtout les phares en gélule derrière. » Cette professionnelle regrette tout de même que ces voitures aient suivi une tendance générale : un fort embonpoint par rapport à leurs aïeux. « Mais les gens veulent plus de place, plus de coffre, plus de sécurité, c’est un peu inévitable et ça finit par ressembler à des SUV. »
Les Européens misent sur leurs classiques pour se démarquer des Chinois
« J’adore la R5, c’est une citadine sportive, et elle se démarque de toutes les petites électriques chinoises qui inondent le marché », commente Gianluca, vlogueur italien passionné d’automobile. « La concurrence est extrêmement forte, les Chinois se sont détachés de l’image qu’ils avaient, aujourd’hui, ils offrent des produits fiables et de qualité, il faut se démarquer », précise-t-il en saluant la nouvelle gamme du constructeur français. « Construites en France ! », insiste Aurélien Subsol, à Douai pour la R5, à Maubeuge pour la R4.
Même son de cloche pour Andreas qui travaille pour un équipementier allemand : « Si les Chinois proposent des modèles impressionnants sur les berlines ou les SUV, leurs petites électriques se ressemblent toutes. C’est pour cela que les constructeurs européens jouent sur leur image qui est leur expérience et qui rassure le consommateur. »
Ce spécialiste rappelle d’ailleurs que Renault n’est pas le premier à user de la nostalgie, citant pêle-mêle le ID Buzz de Volkswagen, véritable renaissance du Combi, le renouveau de la Mini Cooper ou l’utilisation de la marque Ami par Citroën pour son pot de yaourt sans permis.
Reste que les débats sur l’esthétique continueront de faire rage, entre Marlène, 49 ans, qui juge la nouvelle R5 « trop futuriste, on dirait un jouet » et Benjamin, 24 ans, qui lui trouvait l’ancienne « sans charisme » et la nouvelle « beaucoup plus racée », les discussions resteront animées à son sujet. « C’est le but, nous voulons occuper le repas dominical », sourit Aurélien Subsol qui ne boude pas son plaisir de voir sa R5 au centre de l’attention au moins jusqu’à dimanche, dernier jour du Salon de l’Auto.
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