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Œil de Pékin
Détenu depuis 2020, celui qui est accusé de «conspiration en vue de publier des publications séditieuses» et d’atteinte à la sécurité nationale a avancé que son journal, «Apple Daily», fermé en 2021, voulait «apporter la liberté».
Un emblème de la liberté de la presse menacé. L’homme d’affaires hongkongais et militant prodémocratie Jimmy Lai a déclaré ce mercredi 20 novembre à son procès que son journal, Apple Daily, aujourd’hui fermé, avait incarné les «valeurs fondamentales du peuple de Hongkong» et voulu apporter «la liberté». Son procès est l’un des plus importants depuis l’entrée en vigueur de la loi sur la sécurité nationale, imposée par Pékin à Hongkong en 2020. Il a débuté en décembre 2023 et connu de nombreux retards et ajournements.
Jimmy Lai, 76 ans, est accusé de collusion avec des forces étrangères, infraction passible de l’emprisonnement à vie. Il a plaidé non coupable. Des pays occidentaux et des organisations de défense des droits humains réclament avec insistance la libération du fondateur d’Apple Daily, poursuivi pour des articles qui soutenaient les manifestations prodémocratie monstres, parfois violentes, de 2019, et pour avoir critiqué les dirigeants chinois. Le média incarnait les «valeurs fondamentales du peuple de Hongkong […], l’Etat de droit, la liberté, la défense de la démocratie», a témoigné l’accusé ce mercredi en s’exprimant pour la première fois depuis son arrestation il y a près de quatre ans. «Plus on est au courant, plus on est libre», a ajouté l’homme d’affaires, affirmant s’opposer à la violence et être défavorable à l’indépendance de Hongkong, une chose «trop folle pour y songer». Pékin a de son côté qualifié le militant hongkongais d’«agent et laquais» des opposants à la Chine.
Le témoignage de Jimmy Lai intervient au lendemain de la condamnation pour «subversion» de 45 militants prodémocratie à des peines allant jusqu’à dix ans d’emprisonnement, au terme du procès d’opposants le plus massif jusqu’à présent organisé dans la métropole rétrocédée à la Chine par le Royaume-Uni en 1997.
«Publications séditieuses»
Jimmy Lai est détenu depuis décembre 2020, ce qui a soulevé des inquiétudes sur son état de santé. Son incarcération préventive «simplement parce que son journal a osé critiquer le gouvernement […] traduit la désintégration du respect des droits humains à Hongkong», a dénoncé lundi Sarah Brooks, directrice du programme Chine d’Amnesty International.
Jimmy Lai doit répondre d’un chef d’accusation de «conspiration en vue de publier des publications séditieuses» et de deux autres pour conspiration en vue d’une «collusion avec des forces étrangères». Son journal Apple Daily a fermé en 2021 après des descentes de police, le gel de ses actifs et l’arrestation de ses principaux rédacteurs. L’accusation lui reproche ainsi qu’à six cadres d’Apple Daily d’avoir utilisé ce média comme plateforme pour «encourager l’opposition au gouvernement» et «faire preuve de collusion avec des pays étrangers».
L’accusation soutient aussi que Jimmy Lai a plusieurs fois demandé aux Etats-Unis et à d’autres pays d’imposer des sanctions ou d’engager «d’autres activités hostiles» à l’encontre de la Chine et de Hongkong. Il lui est également reproché d’avoir aidé deux jeunes militants à faire pression pour obtenir des sanctions contre Pékin par l’intermédiaire du groupe militant «Stand With Hongkong». Les six cadres du journal et les deux militants ont plaidé coupable et cinq d’entre eux ont témoigné contre Jimmy Lai. Le magnat a cependant affirmé mercredi n’avoir «jamais» demandé à des contacts internationaux de prendre des mesures ou d’influencer des politiques étrangères relatives à la Chine ou Hongkong. Il a reconnu avoir appelé en 2019 le vice-président américain d’alors, Mike Pence, à «s’exprimer en faveur de Hongkong», mais a dit ne pas avoir réclamé d’actions, soulignant que cela était «hors de [sa] portée».
Isolement prolongé
Le mois dernier, le Premier ministre travailliste britannique, Keir Starmer, a affirmé que Jimmy Lai, qui possède la nationalité britannique, était «une priorité» pour son gouvernement. Un fils de l’homme d’affaires a réclamé un soutien «beaucoup plus fort» de Londres, craignant que la santé de son père ne «s’aggrave». Un groupe de juristes a déposé plusieurs plaintes auprès des Nations unies concernant la détention arbitraire et l’isolement prolongé du prévenu. Dimanche, le gouvernement de Hongkong a condamné ce groupe pour avoir «répandu des informations erronées», assurant que Jimmy Lai avait lui-même demandé à être à l’écart des autres détenus. Robertsons, un cabinet d’avocats qui représente Jimmy Lai au procès, a affirmé qu’il avait «reçu les soins médicaux appropriés», notamment pour son diabète, avait «accès à la lumière du jour par les fenêtres» à l’extérieur de sa cellule et faisait de l’exercice quotidiennement.
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