Sur Mars, Curiosity met le cap sur un champ de toiles d’araignées

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Le rover américain, débarqué sur la planète rouge en 2012, tourne une page de son voyage et change de région. Il laisse derrière lui une vallée pleine de mystères climatiques et sulfureux, pour atteindre de drôles de minéraux autrefois humides, qui pourraient avoir côtoyé des microbes.

Biodiversité, espace, intelligence artificielle, éducation… Coups de projecteur sur les conférences et rencontres organisées à la Cité des Sciences et de l’Industrie. Aujourd’hui, Mars, retours de missions, samedi 23 novembre à 16 heures.

Nouveau cap pour une nouvelle vie sur Mars ! Il est temps pour Curiosity de changer de région, annonce la Nasa cette semaine. «Il laissera bientôt derrière lui le sillon de Gediz Vallis» pour «se préparer à la prochaine étape de son voyage, qui sera une expédition d’un mois vers une formation baptisée le Boxwork, un ensemble de motifs en forme de toile d’araignée qui s’étend sur plusieurs kilomètres à la surface de Mars.»

Tout plaquer pour un rocher

Après douze ans passés à arpenter la planète rouge sur ses roues de plus en plus abîmées, le rover américain a déjà parcouru 33 kilomètres et visité plusieurs zones martiennes, selon un trajet concocté au fur et à mesure par les scientifiques qui le suivent depuis la Terre. Le choix des destinations et des détours imposés à Curiosity dépend principalement de l’intérêt géologique de son environnement : il peut tout plaquer pour passer deux semaines à rouler vers un rocher qui semble prometteur, repéré sur une photo au fin fond du paysage.

Son site d’atterrissage a été choisi au fond du cratère Gale, formé par l’impact d’un astéroïde il y a environ 3,5 milliards d’années. Les planétologues soupçonnaient fortement que ce cratère large de 150 kilomètres a été le lit d’un lac au début de son histoire, et donc qu’il a gardé les traces de sédiments déposés à cette époque reculée, avec, pourquoi pas, des composés chimiques organiques montrant que la vie aurait pu se développer dans cette humidité.

Du soufre inattendu

Curiosity a commencé par rouler sur 9 kilomètres relativement plats au fond du cratère Gale, entre 2012 et 2014, pour s’extraire de sa zone d’atterrissage en étudiant au passage quatre recoins intéressants de manière détaillée. La deuxième phase de son voyage a été plus sportive. L’astromobile de la Nasa a longé puis entamé l’ascension du mont Sharp, qui occupe le centre du cratère. Un parcours de plus en plus technique sur des pentes de plus en plus raides, toujours parsemé de trouvailles intéressantes (de l’azote, des molécules organiques…) au fil des roches photographiées, forées, analysées.

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Depuis l’été 2023, Curiosity s’enfonçait dans la vallée Gediz, sorte de canyon sur les flancs du mont Sharp, et y a notamment découvert (par hasard en écrasant un rocher) du soufre jaune vif à l’état pur, pour la première fois. Une surprise totale. «Nous n’avons pas d’explication à la présence de ce soufre ici, constate le communiqué de la Nasa. Sur Terre, le soufre est associé aux volcans et aux sources chaudes, et aucune de ces causes n’existe sur le mont Sharp à notre connaissance.» Ashwin Vasavada, géophysicien au Jet Propulsion Laboratory de la Nasa, raconte avoir «inspecté ce soufre sous tous les angles, du dessus et par les côtés […]. Nous avons accumulé une tonne de données, et maintenant nous avons un chouette puzzle à résoudre.»

Une vallée dans un climat trop sec

La vallée Gediz est «une région enveloppée de mystère», résume la Nasa aujourd’hui, à l’heure de quitter la région. «Comment ce sillon s’est formé aussi tard, durant une transition vers un climat plus sec, est une grande question pour l’équipe scientifique.» De ce que les planétologues ont compris jusqu’ici, «les strates plus anciennes de la montagne s’étaient déjà formées dans un climat sec», et dans un second temps, malgré cette aridité ambiante, «de l’eau a coulé occasionnellement» en creusant cette vallée.

A l’aide des appareils photos montés au bout de son bras robotique, Curiosity a pris un panorama à 360 degrés de son environnement dans la vallée de Gediz. L’image a été publiée ce lundi sur Youtube. L’œil éclairé des géologues peut y voir que «les rivières, les courant de débris humides et les avalanches sèches ont tous laissé leur marque. L’équipe scientifique s’emploie désormais à reconstruire une frise chronologique des événements dans la région à partir des observations de Curiosity.»

Des toiles d’araignées «où l’eau salée coulait»

Curiosity devrait désormais mettre un mois à atteindre sa prochaine destination, le lieu d’intérêt surnommé «Boxwork» par les scientifiques de la mission. Pour les géologues anglophones, un boxwork est un filonnet de calcite en relief : un petit filon de roche calcaire, qui a acquis par érosion une forme caractéristique de toile d’araignée. On les connaît bien sur Terre, et on en a repéré de beaux spécimens sur Mars aussi, notamment dans les photos prises par la sonde américaine Mars Reconnaissance Orbiter, qui tourne autour de la planète rouge depuis 2005.

On pense que ces toiles de calcite dans le cratère Gale se sont formées «quand les minéraux charriés par les derniers courants d’eau sur le mont Sharp se sont infiltrés dans des fractures des roches en surface», explique la Nasa. Le reste de la roche s’est érodé, mais pas ces minéraux, qui sont restés en reliefs, gardant la trace du réseau de fissures. Sur Terre, on trouve ces curiosités géologiques dans les grottes et sur les falaises. Sur Mars, celles que va visiter Curiosity sont remarquables par leur étendue : 10 à 20 kilomètres de large.

Elles gardent la trace du climat passé «plus chaud, où de l’eau liquide salée coulait», juge Kirsten Siebach, professeur à l’université Rice de Houston, et planétologue pour la mission Curiosity. «Des microbes terrestres auraient pu survivre dans un environnement similaire. Cela en fait une cible fascinante pour l’exploration.»

Libération

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