Demi-mise au point
Le basketteur aux plus de 100 sélections avec l’équipe de France était interviewé par «la Tribune» après son message d’encouragement au futur ministre de la Santé de Donald Trump, connu pour ses positions antivax et covidosceptiques.
«Let’s go Robert Kennedy Jr.» Dix jours après son message sur X apportant son soutien à l’homme choisi par Donald Trump comme secrétaire à la Santé, Rudy Gobert a bien remarqué que ses encouragements à l’ex-candidat libertarien à la présidentielle n’étaient pas passés inaperçus. «J’ai vu que ça avait suscité pas mal de réactions. C’est dommage que beaucoup choisissent de m’assimiler à un camp politique plutôt que de voir l’intention réelle de mon message», a regretté le basketteur tricolore dans une interview à la Tribune, ce dimanche.
Difficile pourtant d’en faire abstraction. Le neveu de l’ancien président démocrate s’est en effet connaître par des positions pour le moins complotistes sur les questions sanitaires, suggérant par exemple que le Covid était un «virus ethniquement ciblé», «conçu pour attaquer les Caucasiens et les Noirs» alors que «les personnes les plus immunisées sont les juifs ashkénazes et les Chinois». Entre autres sorties de route sur le lien entre l’utilisation des herbicides et la hausse des coming out transgenres.
Pas échaudé par les propos antivax du futur ministre, le pivot de l’équipe de France et des Minnesota Timberwolves, dont on se rappelle une blague de mauvais goût au début de la pandémie de Covid, assure que c’est la lutte annoncée de Kennedy contre les dérives de l’industrie agroalimentaire qui a motivé son message : «J’ai juste voulu montrer mon soutien à une personnalité dont je trouve le combat pour la santé et contre la malbouffe aux Etats-Unis assez courageux. La nutrition et le bien-être sont des sujets qui me passionnent. C’est une certitude, ce que l’on met dans notre corps a un impact direct sur notre santé. Et donc, oui, je suis déçu de voir la quantité d’additifs chimiques que certains industriels continuent de mettre dans leurs produits en toute connaissance de cause. On n’est jamais sûr de rien, mais j’ai pour espoir que RFK Jr fera avancer les choses dans la bonne direction.»
Les approbations complotistes mises sous le tapis
Interrogé par Libé, qui s’était fait l’écho des sympathies affichées par l’homme aux 112 sélections, un de ses proches allait dans ce sens. Et de décrire le Picard en homme qui «apporte un soin très méticuleux à son corps et fait attention à avoir une alimentation saine et bio». Lutter contre «l’industrie alimentaire américaine qui utilise énormément d’additifs était un des combats de RFK, ce qui explique son tweet».
S’il est exact que Robert F. Kennedy a en ligne de mire l’industrie agroalimentaire américaine – intentions qu’il aura grand peine à concrétiser si l’on en juge le profil de la nouvelle ministre de l’Agriculture – Rudy Gobert n’avait pas limité ses approbations à la lutte contre la malbouffe. Il a ainsi distribué les «likes» sous des posts aux accents complotistes, où l’on entend par exemple Donald Trump qualifier les Etats-Unis de «régime de censure», où «Etat profond», «tyrans de la Silicon Valley» (qui ont pourtant adouci en 2024 la posture d’opposants qu’ils avaient adoptée en 2016 à l’endroit du républicain), «activistes de gauche» et «médias dépravés» bataillent pour «manipuler et réduire au silence les Américains». Sans démenti depuis, et bien loin des préoccupations sur la qualité de l’alimentation outre-Atlantique.
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