Pour le pianiste Bruce Brubaker, «la beauté de l’art de Brian Eno, c’est de laisser intervenir le hasard»

Pour le pianiste Bruce Brubaker, «la beauté de l’art de Brian Eno, c’est de laisser intervenir le hasard»

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Dans un album-essai incroyablement précis, le pianiste américain interprète et réinvente l’emblématique «Music for Airports». Une voie d’émancipation en rupture avec la tradition classique occidentale.

Voici plusieurs années que Bruce Brubaker songeait à interpréter au piano Music for Airports, album emblématique s’il en est de la musique ambient de Brian Eno, paru en 1978. Des années à rêver les yeux ouverts, les doigts sur les touches blanches du piano à queue, à ce que pourraient donner des versions acoustiques de ces quatre plages enregistrées entre Londres et Berlin, qu’Eno entrevoyait comme fondatrices d’un nouveau genre de musique spécifiquement dédiée aux espaces publics et qui viendrait en «aviver les environnements en y ajoutant du stimulus». Problème, ces compositions pour arpèges de piano, voix et synthétiseur mises en boucle déphasées et englués dans les effets de delay et de réverbération superposent les sons joués et les notes étirées en nappes ou bourdons, si bien que même en jouant exagérément de la pédale de sustain, des interprétations au piano sonneraient – selon Brubaker tout du moins – divergentes jusqu’à la trahison. «J’ai plusieurs fois rejeté l’idée parce que je ne voyais pas comment reproduire ces notes longues et résonnantes. Le problème éternel du pianiste», nous explique le théoricien américain, réputé pour ses disques et récitals dédiés aux pièces pour piano de ses compatriotes Philip Glass, Meredith Monk ou Terry Riley. «Puis un jour j’en ai parlé à Alexandre Cazac [fondateur du label InFiné, ndr], qui venait de rencontrer quelqu’un qui était en train de mettre au point un appareil qui permet exactement de recou

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