La gauche revient au pouvoir à Montevideo. Le candidat de l’opposition Yamandu Orsi a remporté dimanche 25 novembre l’élection présidentielle en Uruguay. Selon les résultats officiels définitifs, le candidat de la coalition de gauche Frente Amplio s’est imposé par 49,8 % des voix contre 45,9 % pour son adversaire de centre droit Alvaro Delgado, homme du président sortant Luis Lacalle Pou, au pouvoir depuis 2020. Des klaxons et des cris de joie ont résonné dans la capitale, bastion du Frente Amplio, et des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour célébrer la victoire de Yamandu Orsi.
«Je serai le président qui appellera encore et encore au dialogue national pour trouver les meilleures solutions, bien sûr en suivant notre vision, mais aussi en écoutant très attentivement ce que les autres nous disent», a promis le président-élu. Alvaro Delgado, ancien vétérinaire issu du Parti National de droite, a rapidement concédé sa défaite, disant «saluer» Yamandu Orsi au nom de «tous les acteurs de la coalition (gouvernementale)» qui l’ont soutenu.
L’élection de Yamandu Orsi, qui prendra ses fonctions le 1er mars, marque le retour de la gauche au pouvoir après une précédente séquence de quinze ans sous Tabaré Vazquez (2005-2010 et 2015-2020) et José «Pepe» Mujica (2010-2015). A 89 ans et en dépit d’une santé déclinante, ce dernier n’a pas ménagé sa peine pour mettre sa grande popularité au service d’Orsi, un ancien professeur d’histoire de 57 ans issu comme lui d’un milieu rural modeste.
Un «changement» qui ne sera «pas radical»
Dans ce pays de 3,4 millions d’habitants coincé entre Argentine et Brésil et considéré comme un havre de paix et de stabilité en Amérique du Sud, Yamandu Orsi, un tenant de la gauche modérée, a assuré que sa victoire augurait d’un «changement» qui ne sera «pas radical». Pendant la campagne, Orsi et Delgado ont insisté sur la relance de la croissance et la réduction du déficit budgétaire. Ils se sont engagés à ne pas augmenter la pression fiscale et ont promis de lutter contre la criminalité liée au narcotrafic en augmentation. Yamandu Orsi souhaite par ailleurs développer des échanges à l’échelle régionale.
«Je tiens à féliciter […] le président élu Yamandu Orsi, le Frente Amplio et mon ami Pepe Mujica», a réagi sur X le président du Brésil voisin, Luiz Inacio Lula da Silva. «C’est une victoire pour toute l’Amérique latine et les Caraïbes», a-t-il relevé. D’autres dirigeants latino-américains ont salué la victoire de Yamandu Orsi, comme l’Argentin ultralibéral Javier Milei qui a repartagé sur X un message du ministère argentin des Affaires étrangères félicitant le président-élu.
Le président sortant Luis Lacalle Pou n’a pu se représenter malgré une cote de popularité de 50 %, car la Constitution interdit de briguer un second mandat consécutif. Il a promis une transition «ordonnée». Le 27 octobre, des élections parlementaires concomitantes au premier tour avaient vu le Frente Amplio remporter 16 des 30 sièges du Sénat et 48 des 99 sièges de la Chambre des députés. Lors de sa campagne, Yamandu Orsi avait souligné que ce résultat offrait à son camp les conditions pour «mener à bien les transformations dont le pays a besoin».
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