Crise politique
Le Parti social-démocrate allemand s’est prononcé ce lundi 25 novembre à l’unanimité en faveur de l’ancien maire de Hambourg, qui compte bien déjouer les pronostics en jouant les solistes sur l’Ukraine.
Le Parti social-démocrate (SPD) allemand fait le choix risqué de la continuité. Le chancelier, Olaf Scholz, a été officiellement désigné ce lundi 25 novembre candidat de son parti de centre gauche aux élections anticipées de février. Et ce malgré une popularité au plus bas après l’implosion de son gouvernement. La direction du SPD s’est prononcée «à l’unanimité» en sa faveur, a indiqué une source proche du parti. Les délégués devront encore valider la candidature lors d’un congrès prévu le 11 janvier.
Le chancelier de 66 ans, qui s’était plus ou moins autoproclamé candidat après la rupture de sa coalition avec les Verts et les Libéraux le 6 novembre, a dû faire face par la suite à une fronde au sein de ses rangs. Certains s’étaient en effet prononcés en faveur du très populaire ministre de la Défense, Boris Pistorius. Désormais, le SPD entend faire bloc derrière Olaf Scholz, même si le pari s’annonce risqué pour le plus vieux parti d’Allemagne, crédité d’environ 15 % seulement des intentions de vote dans les sondages. L’opposition conservatrice CDU-CSU recueille, elle, plus du double (33 %) et le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) le devance également, avec 18 %.
«Visage» de l’échec du gouvernement
Olaf Scholz, «visage» de l’échec d’un gouvernement marqué par des guerres intestines perpétuelles, est «probablement le candidat à la chancellerie le plus faible, le moins approprié que le SPD ait jamais présenté», assène le magazine Der Spiegel. Sa coalition, au pouvoir depuis fin 2021, a volé en éclats après le limogeage du ministre des Finances libéral à cause de différends devenus insurmontables en matière de politique budgétaire, en pleine crise industrielle dans la première économie européenne. Imperturbable, celui qui est surnommé «Scholzomat» pour son débit de voix monotone et ses phrases interminables, répète à l’envi sa conviction de mener à nouveau son parti à la victoire. Il rappelle volontiers comment en 2021 il a remporté les élections contre toute attente. Il avait alors beaucoup profité des divisions du camp conservateur.
Sa stratégie cette fois : se présenter comme l’homme de la retenue dans le soutien militaire à l’Ukraine, dans l’espoir de capitaliser sur le pacifisme très ancré chez les Allemands depuis les horreurs nazies et un courant d’opinion prorusse non négligeable. Selon une étude récente de la télévision publique ARD, 61 % des personnes interrogées soutiennent d’ailleurs sa décision de ne pas fournir des missiles Taurus à Kyiv pouvant frapper le territoire russe en profondeur. Une position qui contredit celle prise par ses principaux alliés, Etats-Unis, France et Royaume-Uni. Dans la même veine, l’entretien téléphonique récent entre Olaf Scholz et Vladimir Poutine a fait grincer des dents, notamment en Ukraine. En Allemagne, l’opposition conservatrice l’accuse d’avoir contribué à la «propagande» de Moscou pour réaliser une manœuvre électorale visant à se présenter comme «chancelier de la paix» avant des élections périlleuses.
Soulagement des conservateurs
Néanmoins, c’est avec un certain soulagement que les conservateurs ont accueilli la candidature d’Olaf Scholz. La décision «est bonne pour nous», souligne le député Mathias Middelberg. «Pistorius aurait été plus désagréable pour la CDU et la CSU.»
Mais le chancelier sortant, vétéran de la politique qui fut notamment maire de Hambourg et vice-chancelier avec le portefeuille des Finances dans le dernier gouvernement d’Angela Merkel (2005-2021), a montré plusieurs fois sa capacité à déjouer les pronostics.
En 2021, il l’avait emporté en se présentant comme le véritable héritier de la chancelière conservatrice. Il entend cette fois aussi rassurer par son expérience dans un contexte géopolitique mondial tourmenté et plongé dans l’inconnu par l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche. La présidente du SPD, Saskia Esken, l’a rappelé ce lundi à la radio bavaroise : Olaf Scholz est «vraiment très, très expérimenté, il a plus d’un tour dans son sac, y compris au niveau international.»
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