Des lettres érotiques signées par le peintre Gustave Courbet retrouvées par hasard dans le grenier de la bibliothèque de Besançon

Des lettres érotiques signées par le peintre Gustave Courbet retrouvées par hasard dans le grenier de la bibliothèque de Besançon

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Secret bien gardé

Une partie de la correspondance érotique de Gustave Courbet avec l’une de ses maîtresses entre 1872 et 1873 a été découverte dans la bibliothèque de la ville franc-comtoise, a révélé la ville ce mercredi 27 novembre.

Elles étaient conservées dans le plus grand secret depuis le début du XXe siècle en raison de leur contenu sulfureux. Une centaine de lettres érotiques échangées entre le peintre Gustave Courbet et sa maîtresse ont été découvertes l’an dernier dans le grenier de la bibliothèque de Besançon, révèle ce mercredi France Bleu Besançon. Il s’agit précisément de 116 lettres écrites entre novembre 1872 et mai 1873 entre le peintre franc-comtois et Mathilde Carly de Svazzema, dame de la bonne société parisienne, malheureuse et abandonnée par son mari. Vingt-cinq sont de la main de Gustave, 91 de Mathilde.

Agnès Barthelet, adjointe à la conservation au sein de la bibliothèque municipale, raconte avoir découvert par hasard ces lettres en novembre 2023 sur une étagère du grenier poussiéreux de la Bibliothèque d’étude et de conservation de Besançon. «Cette petite pile bien rangée, ça a piqué ma curiosité», se souvient avec émotion la bibliothécaire. «Quand on a commencé à feuilleter la pile, on s’est dit «Tiens, il y a un certain Gustave», puis on a vu une enveloppe adressée à M. Gustave Courbet… Là, chacun a réagi différemment. Moi, je crois que j’étais un peu paralysé, je ne m’attendais pas à ça», confie de son côté le conservateur des lieux, Pierre-Emmanuel Guilleray. Ces lettres ont par la suite été officiellement authentifiées, grâce à un travail minutieux.

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Alors que Gustave Courbet avait déjà une réputation sulfureuse pour avoir été l’auteur en 1866 de «L’Origine du monde», tableau réaliste d’un sexe féminin exposé aujourd’hui au musée d’Orsay, Agnès Barthelet avance que ces lettres avaient «un contenu un peu scabreux». Extrait : «Mais chère Putain, réfléchis donc, tu sais que je t’adore, tu sais que je fais des choses injustes pour t’être agréable ; tu sais que je donnerais je ne sais quoi en ce moment pour sucer ton con, mordre tes poils dorés, ta motte et dévorer tes grands tétons pointus, te décharger dans la bouche, t’embrasser ton ventre proéminent, te caresser les flancs amoureusement avec ma langue, l’introduire si je pouvais dans ton autre petit con entre tes belles fesses, que sais-je !!», écrit par exemple le chef de file du courant réaliste. Et Mathilde de lui répondre : «J’aurai mon c… tout prêt à recevoir les sensations qu’il te plaira lui faire éprouver.» A cette époque, le peintre se trouve à Ornans, sa ville natale située à 15 kilomètres de Besançon, et elle à Paris.

Des lettres bientôt intégralement publiées

Ces lettres ont probablement été confiées vers 1905 à la bibliothèque par les héritiers du Docteur Blondon, exécuteur testamentaire de Courbet, qui ne s’est jamais marié et dont l’unique fils est mort jeune. Consigne avait été donnée de ne pas les rendre publiques en raison de leur caractère quasi-pornographique. Le secret s’est transmis de conservateur en conservateur, jusqu’à être oublié.

Mais pour la maire de Besançon, Anne Vignot, plus d’un siècle après la rédaction des missives, le temps du secret est révolu. «Ces lettres ont disparu depuis 135 ans. Il nous était impossible de garder secrète une telle découverte», qui apporte «un aperçu intime et fascinant sur la psychologie de Courbet à cette période compliquée de sa vie». «Ce sont les seules lettres référencées et connues de Courbet au contenu érotique», ajoute Henry Ferreira-Lopez, directeur des bibliothèques municipales de Besançon. On y lit «beaucoup de sensibilité et (sa) conception très moderne des relations entre hommes et femmes», selon lui.

«Nous préparons une publication intégrale de ces lettres et une exposition l’année prochaine qui s’achèvera lors des Journées du patrimoine», fait également savoir l’édile. La municipalité organisera ainsi du 21 mars au 21 septembre 2025, à la Bibliothèque municipale de Besançon, l’exposition «Courbet, les lettres cachées. Histoire d’un trésor retrouvé», où il sera possible de retrouver une sélection de cette correspondance.

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