Procès des viols de Mazan : «Les hommes sont de grands enfants», plaide l’avocat de Jean-Pierre M.

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Procès des viols de Mazandossier

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Patrick Gontard, le conseil du seul accusé à ne pas être poursuivi pour le viol de Gisèle Pelicot, mais de sa propre épouse, a fait le procès du procès durant sa plaidoirie, mercredi 27 novembre. Et jugé que les dix-sept années de réclusion requises contre son client étaient une peine trop lourde.

Avertissement

«Libération» couvre jusqu’à la fin de l’année 2024 le procès des viols de Mazan. Ces articles relatent la description de violences sexuelles et peuvent choquer.

Théâtral, Patrick Gontard n’était pas prévu au programme de ce mercredi 27 novembre. Acceptant d’avancer sa plaidoirie, le conseil de Jean-Pierre M., le seul accusé à ne pas être poursuivi pour le viol de Gisèle Pelicot, mais de sa propre épouse également sédatée, s’est d’abord fendu d’une longue diatribe sur la tenue de ce procès, faisant presque oublier la raison de sa présence. «“Ce procès doit être un point de départ pour de nouvelles relations entre hommes et femmes” : c’est un peu ambitieux, d’abord parce que les hommes ne sont pas tous comme ceux qui sont derrière nous», tance-t-il en citant le ministère public.

Continuant le procès du procès, il s’en prend aux soutiens de Gisèle Pelicot, invitant même la cour à «s’expurger» de certains d’entre eux. «Il y avait des fumigènes l’autre jour [lundi à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, ndlr], j’avais l’impression d’être au stade Vélodrome avec des ultras. Vous croyez que c’est digne de la justice d’être là à déverser de la haine ?» A plusieurs reprises, Me Gontard tente ensuite d’opposer les causes des femmes étrangères (citant Gaza, l’Iran, la Syrie) à celles des Françaises. «Quelles leçons ils nous donnent [les militantes féministes, devine-t-on, ndlr] quand ils sont incapables de parler des femmes violées dans d’autres pays ? C’est facile de venir dans une démocratie et dire que les hommes sont des violeurs. Allez faire un tour en Iran !»

«Je suis la principauté de Monaco»

Patrick Gontard tente ensuite de décrire son positionnement d’une formule fantaisiste : «Je suis la principauté de Monaco car monsieur M. n’a jamais souillé madame Pelicot. Ce qu’il a fait n’est pas davantage agréable. […] S’il avait comparu, avec Pelicot, seul, sans aucune partie civile, je sais que vous n’auriez jamais requis dix-sept ans de réclusion criminelle», martèle-t-il. Estimant son client «emporté par la tornade Pelicot», il le qualifie de «dommage collatéral». Jean-Pierre M., 63 ans, est accusé d’avoir reproduit le mode opératoire de Dominique Pelicot, en suivant ses conseils. Le principal accusé de ce procès s’est rendu au domicile de cet ancien chauffeur dans une coopérative agricole une dizaine de fois entre 2015 et 2020, participant aux viols ou tentatives de viol de l’épouse de Jean-Pierre M. à quatre reprises. Seul le réveil de sa femme, Sonia (1), qui a surpris Dominique Pelicot près de la fenêtre, a mis un terme à ces violences. La victime n’a pas souhaité se porter partie civile.

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«Vous avez sali ce qui était le plus cher à vos yeux, celle qui vous accompagnait, vous avez sali votre couple, votre famille et même votre nom», lui assène son avocat. Qui décrit les 50 hommes assis derrière lui comme «à la dérive». «Lorsque je vois dans cette salle d’audience ce que peut être le libertinage, je suis vacciné. C’est la misère sociale : des ouvriers, un handicapé, des fonctionnaires, des camionneurs qui vivent seuls», déroule-t-il, alors que la majorité des accusés étaient bien en couple au moment des faits. Leur «seul lien avec l’extérieur» serait «Internet», que l’avocat place sur le banc des accusés.

«Il va répéter ce que faisait son père»

Me Gontard finit par revenir sur l’enfance chaotique de son client, victime de maltraitance, d’inceste, évoque le décès de sa mère alcoolique à 40 ans, elle-même victime de violences sexuelles, le suicide de sa sœur. «Il a accepté de le faire sur son épouse parce qu’il va répéter ce que faisait son père sur sa mère», appuie-t-il. Puis de louer la «fidélité» de cet homme, père de cinq enfants, en se gardant bien d’évoquer les violences sexuelles infligées à sa compagne pendant qu’elle dormait, bien avant 2015. L’avocat ajoute, comme pour le déresponsabiliser : «Les femmes ont ça de supérieur à nous qu’elles donnent la vie. Les hommes sont de grands enfants, ils se sentent un peu délaissés.»

Patrick Gontard réfute ensuite la place de «disciple» de Dominique Pelicot attribuée à son client : «Je n’ai pas le sentiment que cet homme avait la force ou l’envie de répéter à l’identique à un niveau qui était celui de Pelicot.» La dose «minimale» d’anxiolytiques administrée prouvait, selon lui, qu’il voulait qu’un «événement extérieur le fasse cesser». Insistant sur la nécessité de la cour de se préserver de l’influence de «l’opinion publique», il ose : «Quand, à Noël, on vous parlera de l’affaire Pelicot, je ne veux pas que vous vous disiez que pour monsieur M., on a été un peu dur.»

(1) Le prénom a été modifié.

Libération

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