«Les Vies multiples de William D.» : Bernard Malamud remue ciel et adultère

Réédition du roman de l’écrivain américain retraçant la romance à Venise d’un biographe avec une femme de trente ans sa cadette.

Venise n’est pas forcément une ville faite pour l’amour. William Dubin, 56 ans, biographe d’écrivains et homme marié, y traîne dans les rues, une nuit des années 1970, après avoir bu un verre au Harry’s Bar. Sa femme, Kitty, est restée dans le Vermont. Celle qui l’accompagne, Fanny, a été pendant quelques jours leur femme de ménage. Un jour, elle s’est dénudée sous son nez, dans son bureau, tandis qu’il calait sur sa future biographie de D.H. Lawrence, lequel avait une étrange vertu : il «n’épargnait aucune mauvaise nouvelle à personne». Lawrence n’épargne pas davantage au biographe son aspect raide, guindé, le fait qu’il soit un obstacle permanent à ceux qu’il attire : «Est-ce la façon dont je travaille ou celle dont il m’élude ? Dubin avait l’impression d’être un sculpteur devant un bloc d’argile durcie.» Le voici donc à Venise, avec Fanny, pour attaquer la romance. Elle a trente ans de moins que lui. Dubin lui parle des écrivains, des peintres qu’il aime. Il filtre tout ce qu’il vit et voit avec la vie de ceux qu’il a lus, sur qui il écrit. Mais les musées n’intéressent pas Fanny, les biographies d’écrivains non plus. Après le dîner, elle est restée à l’hôtel. Ils n’ont toujours pas couché ensemble, bien qu’ils soient là pour ça.

Maladresse du vieux, naturel de la jeune

Ce qui a eu lieu avant la promenade solitaire de William donne un bon aperçu du ton des Vies multiples de William D.