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Reportage
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Dans l’Etat karenni, largement repris par les rebelles qui luttent contre la junte militaire, une bande d’étudiants a construit l’hôpital O1 à l’abri des bombes, devenu un concentré de la guerre.
Son corps rafistolé repose sur un lit de planches, dans un dortoir bondé de l’hôpital O1. Patrick, un combattant de l’ethnie karenni de 35 ans, s’agite en grimaçant sous la ferraille et les bandages. Sa chair meurtrie raconte quatre années de lutte contre la junte, une guerre vorace et acharnée. En 2022, un obus a avalé sa jambe droite, remplacée par un pilon de plastique. Il y a quelques mois, un bombardement aérien a fracassé la gauche et déchiré l’une de ses mains. «J’ai vu l’avion, mais je ne courais pas assez vite à cause de ma prothèse», murmure le père de deux enfants. Une infirmière replace sa perfusion. «Je veux retourner au front», insiste l’ancien fermier, tandis que sa femme, à côté de lui, éponge en silence son visage transpirant.
L’hôpital O1 se cache en pleine forêt, derrière des roches karstiques sortant du sol comme une rangée de canines, dans le canton de Demoso, au cœur de l’Etat karenni, une petite province birmane de l’est. Neuf bâtiments fragiles, dont quelques tentes éparpillées entre les arbres, et une cinquantaine de lits. Alors que le système de santé birman s’est effondré, des médecins clandestins y soignent ceux qui parviennent à les atteindre, réfugiés, rebelles, et même soldats de la junte faits prisonniers. «On ne les garde pas longtemps
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