Yann Potin, historien et conservateur en chef aux Archives nationales, nous parle de l’entrée au Panthéon de Marc Bloch, historien et résistant français.
Emmanuel Macron a annoncé l’entrée au Panthéon de Marc Bloch, historien et résistant. Après Missak Manouchian, c’est à nouveau la Résistance qui est honorée ?
Oui, en particulier le martyre de Marc Bloch, fusillé par les nazis en 1944. Il entre au Panthéon après Jean Moulin, Pierre Brossolette, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz. Alors que les derniers témoins de la Seconde Guerre mondiale disparaissent, c’est la Résistance effective et intellectuelle qui est consacrée.
Marc Bloch n’est pas seulement un intellectuel résistant, il est aussi un “fou de la République” ?
Oui. Normalien, fils de normalien, l’itinéraire de Marc Bloch témoigne de la volonté d’intégration des juifs à la nation française, considérée comme une patrie universelle. L’adhésion à la République commande en lui le rejet de tout autre sentiment d’appartenance.
Autant que la Résistance, c’est à vos yeux le martyre juif qui est panthéonisé ?
Jacques Chirac a reconnu la responsabilité de l’Etat français dans la rafle du Vél’d’Hiv en 1995 et a honoré la mémoire des Justes au Panthéon en 2007. Demeurait la question de l’absence de juif, victime ou mort pour la France, dans ce sanctuaire de la mémoire républicaine. Jean Zay fut le premier juif assassiné à y entrer. Marc Bloch, fusillé par la Gestapo, est donc aussi une victime de la persécution des juifs par les nazis qui fait son entrée dans la mémoire nationale officielle.
Le Monde
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