A Marseille, les menus plaisirs des Grandes Tables

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Les rencontres de l’éducation populairedossier

Avant d’accueillir le «banquet citoyen» du samedi 7 décembre, le restaurant du centre culturel et social de la Friche la Belle de Mai, à Marseille, organise des ateliers cuisine avec des habitantes du quartier. A la carte : un peu de préparation et beaucoup d’échanges.

Le saladier rempli de petits papiers est posé sur la table. Nacera se lance et pioche : «La première recette que j’ai apprise ?», lit-elle à voix haute dans le brouhaha des Grandes Tables, le restaurant de la Friche la Belle de Mai, à Marseille, qui termine à peine le service du déjeuner. Un temps de pause. «Je ne me rappelle plus rien !» Puis une anecdote lui revient. Nacera rit encore de ce jour où elle a amené à sa fille de la «tamina», un dessert algérien préparé traditionnellement après une naissance. «C’est de la semoule avec du miel et du beurre, mais j’ai regardé dans un livre et j’ai ajouté de la fleur d’oranger… beaucoup trop, elle n’a pas du tout aimé !», explique-t-elle. «Je vais parler de mes origines espagnoles», enchaîne Mona, la doyenne du groupe, avec la «khalouta», une «recette qui mérite d’être plus connue ici». «Mais c’est un mot arabe !» rigolent ses compères, venues elles aussi avec le centre social du quartier pour un atelier cuisine, tandis que Mona égraine les ingrédients de sa ratatouille.

Des tabliers pour chacune

Pour l’heure, c’est un autre plat que leur propose de réaliser Marina Jost, cuisinière itinérante. Le mois dernier, elles ont convenu de cuisiner un tajine tunisien végétarien pour le banquet citoyen des Grandes Tables, organisé le samedi midi dans le cadre des Rencontres de l’éducation populaire. Le reste du menu est composé par d’autres centres sociaux lors d’ateliers similaires. Pommes de terre, oignons, herbes, œufs, épices… Marina est venue avec tous les ingrédients, des tabliers pour chacune et les ustensiles nécessaires. «Comme on va cuisiner pour 300 personnes, l’œil ne suffit pas. On va donc écrire la recette pour, aussi, pouvoir passer les bonnes commandes.» Avant cela, elle leur propose de réaliser un autre petit plat : les cookies à la pâte de sésame obtiennent tous les suffrages. «L’idée, c’est également d’apprendre à cuisiner plus équilibré», confie la cheffe.

«Cela existe du sésame noir ?» Chacune à son poste, la discussion va bon train. Souad, 36 ans, découpe au couteau le chocolat tout en gardant un œil sur sa montre. Elle doit partir à 16 heures pour aller chercher les plus petits à l’école. «Avant, j’étais seule avec les enfants et mon mari. Avec toutes ces dames, je trouve une deuxième famille. J’aime partager une expérience.» D’autant qu’elle «adore cuisiner» : «Mais jusqu’à mes 25 ans, ma mère ne m’a rien autorisé à toucher, c’étaient les études d’abord !» En parallèle, l’épluchage et la découpe en petits cubes des pommes de terre commencent, tandis que l’huile chauffe pour les faire revenir avant de les incorporer aux œufs battus en omelette. Tout sourire, Hakima, 54 ans, va et vient, sans vraiment mettre la main à la pâte. «Je cuisine par obligation, ce n’est pas mon dada.» Travaillant dans le diagnostic immobilier, elle s’est pourtant «libérée» l’après-midi pour venir «à ce petit temps convivial» : «C’est une petite bouffée d’oxygène, différente du quotidien. Cela permet de créer du lien à l’extérieur.»

Défi à la Top Chef

Il est temps de goûter les créations communes. Marina Jost revient des cuisines avec le tajine et les cookies cuits. Commentaire général pour ces derniers : «Il y a peut-être un peu trop de farine.» Les unes et les autres se rassoient pour un dernier moment d’échange sur les futurs ateliers de cuisine – à la demande des habitantes, le centre social pense en proposer régulièrement après ce banquet. Pas besoin de plus de mots : Mona dessine des cœurs sur une feuille, elle «aime être avec le groupe». «Je ne suis pas trop cuisine mais ça me plaît, comme me plaît l’émission Top Chef. Peut-être que lorsque j’aurai le temps, ce sera un plaisir pour moi», abonde Douja, 41 ans. L’idée d’un défi à la Top Chef est d’ailleurs actée pour le dernier atelier aux Grandes Tables : imaginer une recette à partir d’ingrédients qu’amènera Marina…

Libération

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