Immersion virtuelle dans le grand bain du monde

Trois expériences, trois histoires, trois témoignages. Un étonnant pas de côté offrant au public l’opportunité de traverser l’écran.

Imaginez que vous ayez huit yeux ! Deux devant, deux derrière, deux autres sur le haut de la tête et encore deux sous le menton… Plutôt utile pour voir le monde, non ? Encore faut-il réussir à le comprendre. C’est dans cette optique que le Grand Bivouac d’Albertville propose à ses participants une expérience inédite par le biais de trois créations en réalité virtuelle.

Le monde du cinéma virtuel n’en est plus à ses balbutiements et il offre désormais, aux plus curieux et téméraires, un regard novateur sur le monde. Et nombre de drames qui nous paraissent bien souvent très, voire trop éloignés, se retrouvent ainsi, le temps de s’équiper d’un casque sur la tête et d’un autre sur les oreilles, plus proches qu’on ne l’aurait jamais imaginé.

Pour le Marin des glaces, heureusement, seules notre vision et notre ouïe se retrouvent immergées dans le froid antarctique ! À travers le film de Jérôme Waselynck, on suit Matthieu Tordeur, un ami du Grand Bivouac, à la rencontre de pingouins, phoques et autres habitants de l’inhabitable. Au cours de cette immersion, on embarque à la découverte des merveilles de cette région glacée. Mais derrière ce fabuleux spectacle se cache une bien triste réalité, et les mots de Matthieu sont là pour nous le rappeler. Là-bas, encore plus qu’ici, l’environnement est mis à mal par le réchauffement climatique.

On pourrait presque sentir les débris craquer sous nos pieds ! Seuls résonnent les sons réalistes des appareils hospitaliers et des terrains de jeux abandonnés. Nous sommes à Kharkiv, ou plutôt ce qu’il en reste. Coréalisé par Ondřej Moravec et Volodomyr Kolbasa, Fresh Memories : The Look nous transporte dans ces lieux de vie où l’on ne joue plus, n’étudie plus, ne vit plus. A travers les yeux des sinistrés, on prend conscience des ravages de la guerre russo-ukrainienne. En un clin d’œil, nous voilà face à ces victimes, échangeant des regards chargés d’émotion. Le public, désormais averti, appréhende au cours de cette expérience immersive les ravages du conflit tout en restant dans un espace sûr.

Equipés cette fois-ci de manettes liées au casque de réalité virtuelle, Exsimos, Restimos («Nous existons, Nous résistons») nous donne la possibilité d’être acteurs de l’Histoire. Mais, participer à cette expérience est comme jouer à un jeu auquel on ne peut gagner. Cette situation d’impuissance reflète malheureusement trop bien le quotidien de milliers de femmes au Mexique. Le travail de Mar Maremoto, artiste queer et punk, aborde à travers ce documentaire immersif des sujets sociaux majeurs tels que le féminicide ou le harcèlement sexuel. Faisant partie du mouvement «Drawn for Change», l’artiste nous offre une perspective unique sur la manière dont l’art peut aborder des tabous et influencer le changement.

Retrouvez ces trois créations, d’une dizaine de minutes chacune, à l’espace de réalité virtuelle au Salon Voir Voyager Lire (Gymnase du Centre Ville d’Albertville) de 10 heures à 19 heures et ce jusqu’à dimanche.