Au marché de la Viste à Marseille, «on a eu l’idée de valoriser l’alimentation durable et accessible à tout le monde»

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Le centre social Del Rio, en partenariat avec plusieurs associations, a mis en place ces dernières années un approvisionnement régulier en fruits et légumes de qualité, à un prix accessibles aux habitants ayant des revenus précaires.

Des blettes aux tiges colorées, des oignons, des haricots plats, des radis géants, des pommes vertes et rouges… Ce mardi, c’est jour de marché devant le centre social Del Rio. C’est aussi un jour de fête pour la structure, l’un des poumons du quartier de la Viste, dans le 15e arrondissement de Marseille : toute la journée, le «Cortège des transitions» fait escale pour valoriser différentes initiatives, option alimentation. Cela fait plusieurs années déjà que le centre social en a fait l’un de ses axes principaux d’action auprès des habitants de ce quartier hybride, où les noyaux villageois vieillissants côtoient les grands ensembles de tours grises. Tout s’est accéléré avec le Covid, raconte Coline Barthélémy, coordinatrice des actions famille : «Durant cette période, on distribuait beaucoup de colis alimentaires. On s’est aperçu que beaucoup de gens ne mangeaient pas à leur faim et aujourd’hui encore, beaucoup de familles n’ont plus rien au 15 du mois. C’est devenu un enjeu : travailler le “mieux manger pour tous”, en accord avec leur budget.»

Ici, la cuisine est déclinée à toutes les sauces, à travers des actions qui se répondent. Les enfants qui fréquentent le centre aéré ont ainsi droit à un petit-déjeuner et un repas du midi «faits maison», avec des produits frais. Une nutritionniste vient également régulièrement rencontrer les habitants. Certains cultivent un bout de terre dans le jardin partagé voisin. Logiquement, l’idée d’un marché in situ a été plébiscitée par les bénéficiaires : deux fois par mois, les étals sont installés sur le parvis devant la structure, au pied des tours.

Trois tarifs, en fonction des revenus

L’initiative a été coconstruite avec Action contre la faim : «Lorsqu’on a commencé à travailler dans le 15e arrondissement, on était en partenariat avec les Restos du cœur. On s’est aperçus que plein de gens n’avaient pas accès à l’aide alimentaire, notamment parce que les dispositifs sont saturés. L’alimentation, c’est la première variable d’ajustement dans le budget. On a donc eu l’idée de créer un marché valorisant l’alimentation durable et accessible à tout le monde», rembobine Aloys Vimard, chargé de projets pour l’organisme à Marseille.

L’approvisionnement est assuré par Graines de Soleil, un chantier d’insertion basé sur l’activité maraîchère implanté à Châteauneuf-les-Martigues. Ce sont leurs produits, labellisés bio, qui sont proposés au gré des saisons. Rarissime dans le quartier, pointe Aloys Vimard : «Tout le monde aspire à bien manger, mais l’enjeu, c’est l’offre. Avant de monter le marché, on a relevé 330 références de fruits et légumes dans le quartier. Dans les deux tiers des cas, on n’a même pas la provenance et bien sûr le bio et le local sont quasiment inexistants.» L’étude de l’offre a permis la mise en place de trois tarifs différents : un «classique», sans réduction, un autre avec 25 % de remise pour les habitants du quartier, «ce qui permet de sortir les fruits et légumes au même prix que les commerces environnants», poursuit Aloys Vimard, et enfin un dernier à moitié prix, pour les familles les plus précaires repérées par les partenaires, soit les tarifs pratiqués au marché aux puces voisin, le moins cher à la ronde.

Ateliers culinaires avec légumes de saison

Dans la salle principale, un groupe de femmes s’activent autour d’un tas d’oignons. Pour ce jour de fête, un grand repas va être proposé dans l’enceinte du centre social, en coordination avec le Monticole culinaire, un tiers-lieu autour de la cuisine lui aussi implanté dans les quartiers Nord. La cheffe Aurore Danthez a proposé un menu inspiré des fruits et légumes glanés sur le marché du jour : ce sera graines de couscous avec lentilles corail, pâtissons farcis et «salade de fin d’été», avec les derniers haricots verts, des grains de grenade et des radis. «Moi, ça m’intéresse parce que je dois cacher les légumes pour que les enfants en mangent, un peu comme des légumes-fantômes», se marre Djahadia, une habituée des ateliers culinaires. Son amie Fatima, elle aussi régulière des ateliers, s’est pour une fois postée en observatrice : «Je suis Comorienne, le couscous, déjà, je ne sais pas le faire… Ça me permet d’apprendre.»

Elle aura une autre occasion, jeudi, de mettre la main à la pâte : un nouvel atelier cuisine se tiendra au centre social, cette fois à partir des produits commandés via l’association Vrac, autre levier d’action proposé aux habitants du quartier : la structure, qui défend aussi «l’accès à l’alimentation saine, digne et durable pour tous», a tissé un réseau d’achats en commun partout en France. Avec les commandes groupées, ses adhérents bénéficient de produits alimentaires secs, mais aussi des cosmétiques, à des prix variant en fonction du revenu, jusqu’à moins 50 %. Coline Barthélémy avait tenté une mise en place il y a quelques années, mais le système a vraiment pris depuis que les commandes sont combinées avec des ateliers «mise en pratique» avec les produits proposés dans le colis. Cette semaine, le pois chiche sera à l’honneur.

Libération

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