«Ça fait du bien d’exprimer sa rage» : des agriculteurs de la Confédération paysanne mènent une action surprise à Paris contre le Mercosur

«Ça fait du bien d’exprimer sa rage» : des agriculteurs de la Confédération paysanne mènent une action surprise à Paris contre le Mercosur

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Les agriculteurs en colèredossier

Ce jeudi 5 décembre, une centaine de membres du syndicat agricole minoritaire s’est invitée au Grand Palais, où se tient un salon de l’agrobusiness, afin de dénoncer la signature imminente de l’accord du Mercosur.

A la sortie du métro Roosevelt, dans le VIIIe arrondissement de Paris, un étrange groupe de touristes se rassemble ce jeudi 5 décembre à la mi-journée. Des bottes de travail recouvertes de fumier sont dissimulées sous des jeans. Entre deux photos prétexte de la tour Eiffel – stratégie mise en place pour ne pas éveiller les soupçons – ces membres de la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole au sein des chambres d’agriculture, se rapprochent de l’entrée du Grand Palais. Le bâtiment abrite jusqu’à vendredi 6 décembre la 64e Bourse de commerce européenne et rassemble des mastodontes de l’agrobusiness.

A 13h25, le feu vert est donné. Les paysans pénètrent sans difficulté à l’intérieur du bâtiment. Des tables sont retournées sous le regard ahuri d’hommes en costume, champagne dans une main et petit four dans l’autre. Le groupe rejoint rapidement une centaine de manifestants à l’extérieur, sur le parvis recouvert de paille. «Ces gars en costard-cravate contrôlent plus de 90 % du commerce mondial de céréales, déplore la porte-parole du mouvement, Laurence Marandola. Ils font des profits maximums, et poussent de tout leur poids en faveur de la dérégulation du marché, et donc des accords de libre-échange

«Symbole énorme»

Selon la porte-parole, ces grands acteurs seraient les «vrais responsables» de la signature «imminente» du Mercosur, cet accord de libre-échange entre l’UE et des pays de l’Amérique du Sud à l’origine de la colère des agriculteurs. Ce jeudi marque d’ailleurs une «journée funeste» pour les paysans, alors que s’ouvre en Uruguay le sommet du Mercosur. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, présente sur place, reste déterminée à signer l’accord, malgré l’opposition de la France.

Sous une immense banderole jaune, les paysans poursuivent leur action en musique. Le tout sans excès de violence : le syndicat a toujours revendiqué les actions pacifistes. Christian Roqueirol, paysan retraité et ancien secrétaire national, reconnaît néanmoins qu’il voudrait «moins apparaître comme le paysan gentil». Sa barbe blanche jaunie par un fumigène, il poursuit : «On ne pourrait pas un peu muscler nos actions ?» La porte-parole du syndicat rétorque qu’entrer dans le bâtiment est déjà un «symbole énorme», et que «tout casser» et «déverser du fumier» ne sert pas la cause. Un tacle aux actions plus violentes menées par les deux syndicats majoritaires, la FNSEA et la Coordination rurale.

«Deux poids, deux mesures»

Autour des manifestants, les forces de l’ordre, soutenues par la Brav-M, des unités de maintien de l’ordre à moto, se rapprochent. Mais alors que les paysans décrochent leur banderole en chanson et tentent de quitter les lieux, un cordon sécuritaire les encercle.

Cinq personnes sont interpellées. Une «preuve du deux poids, deux mesures» entre la Confédération paysanne et les autres syndicats, scande le secrétaire national, Thomas Gibert, au mégaphone. Il poursuit : «Vous les aviez arrêtés sur les ronds-points ?» Jeudi dernier, des militants de la FNSEA avaient muré l’entrée de l’institut de recherche Inrae, sous le regard des policiers et sans interpellation.

«Ça fait du bien d’exprimer sa rage et de foutre le bazar dans cette fête de spéculateurs agricoles, conclut le maraîcher, avant d’ajouter que des prochaines actions sont prévues dans d’autres départements. On se bat depuis vingt-cinq ans contre le Mercosur. On ne va pas s’arrêter alors qu’il est sur le point d’être signé.»

Libération

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