:quality(70):focal(2177x3443:2187x3453)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/GKTNF64DPJCKTMNYVEKAVRQH2Y.jpg)
L’édito de Paul Quinio
Après la censure du gouvernement Barnier, le Président a tenté de rassurer les Français ce jeudi 5 décembre, tout en rejetant la responsabilité de la crise sur les élus et les électeurs.
Face aux Français ou face à lui-même ? Quelques heures après avoir accepté la démission de Michel Barnier, Emmanuel Macron avait fixé ce jeudi soir rendez-vous aux Français par petit écran interposé, à 20 heures comme il se doit quand l’heure est grave. Un rendez-vous périlleux pour le chef de l’Etat, qui laisse entendre depuis que le sort de Michel Barnier est scellé qu’il ne traînera pas pour lui trouver un remplaçant. Mais il ne le nommera que «dans les prochains jours», a-t-il déclaré. Alors quoi ? Après avoir réglé ses comptes avec «l’irresponsabilité des autres», comprendre l’extrême droite et les insoumis, l’allocution du chef de l’Etat avait vocation à rassurer. Dire au pays que malgré la crise, malgré l’instabilité, malgré le bord du gouffre, pas de panique, «la continuité de l’Etat» sera assurée, le pays dispose d’une constitution solide, d’institutions stables, la première d’entre elles étant… la présidence de la République. Présidence qu’Emmanuel Macron ne quittera en aucun cas, a-t-il répété.
A lire aussi
Mais comment rassurer, comment incarner la stabilité quand on a soi-même mis le bazar ? Comment s’abriter derrière les institutions quand on les a soi-même malmenées, voire joué avec comme un apprenti sorcier et prit une décision, la dissolution, «pas comprise» par les Français ? Ce jeudi soir, plus que devant les Français, Emmanuel Macron était en réalité face à lui-même. Face au miroir de son échec. Le choix qu’il a désormais à faire en démontre l’ampleur. Elu en 2017 après avoir renversé la table du clivage gauche/droite, et promis d’être un rempart à l’extrême droite, il a désormais le choix entre nommer un Premier ministre encore plus extrême droite compatible que Michel Barnier (c’est l’option Lecornu) ou un Premier ministre capable de tendre la main à la gauche, au centre et à la droite républicaine. Une partie de son camp le pousse vers la deuxième option, qui a le mérite d’être cohérente avec le résultat de législatives marquées du sceau front républicain. La gauche de gouvernement lui envoie depuis quelques jours des signes enfin clairs d’insoumission à la stratégie insoumise. Emmanuel Macron saura-t-il saisir l’occasion ? En reprenant à son compte l’expression de «non-censure» utilisée par les socialistes, il a semble-t-il entrouvert la porte. Pour l’ouvrir un peu plus grand, une suggestion : se souvenir que par deux fois, en 2017 comme 2022, il n’avait pas hésité à se tourner vers ces électeurs de gauche.
Leave a Comment