La gauche attend l’appel d’Emmanuel Macron
Depuis 179 jours, la gauche attend un appel téléphonique d’Emmanuel Macron. Arrivée en tête du second tour des législatives, le 7 juillet, elle espère toujours voir nommer un Premier ministre issu de son camp.

Jeudi 5 décembre, au lendemain de l’adoption de la motion de censure contre Michel Barnier, Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat, a vérifié que son téléphone fonctionnait parfaitement. « Le président a mon numéro. S’il m’appelle, je dois vous laisser quelques instants », explique le sénateur du Nord, qui déjeunait près du départ de la manifestation des fonctionnaires contre le projet de budget 2025 et la défense des services publics, devant le ministère des Finances (Paris 12e).
Une forme de plaisanterie, certes. Mais qui laisse percer beaucoup de résignation.
Le miracle a finalement eu lieu. Quelques heures plus tard, son cabinet a reçu un coup de fil de l’Elysée, l’avertissant qu’Emmanuel Macron le recevrait vendredi, à midi, avec son homologue à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud, et le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure.
Leur parti est donc le seul, à gauche, à être invité à discuter avec le chef de l’Etat.
Les trois socialistes avaient adressé au chef de l’Etat un courrier dans lequel ils demandaient à être reçus « afin de confronter [leurs] points de vue sur les issues possibles d’une sortie de crise ».
Olivier Faure se veut optimiste sur l’identité du futur locataire de Matignon : « J’espère une réponse. Même si la rumeur publique dit qu’il ne nommera pas un premier ministre de gauche. »
C’est l’état d’esprit d’une partie de la gauche : sans illusion, mais pas inactive, et surtout soucieuse de prendre ses distances avec La France insoumise (LFI), qui se concentre désormais sur ses appels à la démission du chef de l’Etat.
Le 24 novembre sur France Inter, Boris Vallaud a proposé une sortie de crise en suggérant un accord de non-censure. Une méthode initialement obscure qui s’est affinée depuis.
« C’est simple, explique Pierre Jouvet, numéro deux du PS. Pour retrouver le chemin de la stabilité, nous voulons un premier ministre de gauche qui construise une méthode et des compromis, avec les forces du front républicain, sur la base des chantiers prioritaires du Nouveau Front populaire [NFP]. Nous nous engageons à ne pas utiliser le 49.3 [l’article de la Constitution qui permet de faire adopter un texte sans vote] si les autres partis s’engagent à ne pas censurer le gouvernement pour faire vivre le débat parlementaire. »
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