Le téléphone portable de Jean-Noël Barrot, ex-ministre des Affaires étrangères, a été piraté

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Le ministre des Affaires étrangères du gouvernement Barnier aurait cliqué sur un lien corrompu sur son appareil personnel fin novembre, révèle un article de Mediapart paru jeudi 5 décembre. L’ANSSI (l’Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information) a tout de suite été saisie mais l’enquête piétine.

Les services de sécurité de l’Etat sont en alerte. Fin novembre, le ministre des affaires étrangères du Bahreïn reçoit un message d’un certain «Jean Barrot». «Dear Minister, Hope you are doing good. Can we connect on call ?» («Cher ministre, j’espère que vous allez bien. On peut se téléphoner ?») Abdullatif al-Zayani est pris d’un doute. Il prévient les autorités françaises que son homologue, le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot, s’est très certainement fait pirater son téléphone.

C’est un article de Mediapart publié jeudi 5 décembre qui révèle l’affaire. Tout part d’une erreur commise par le ministre français. Le 25 novembre, alors en réunion en Italie des ministres des affaires étrangères du G7, Jean-Noël Barrot clique sur un lien hypertexte corrompu reçu sur son Samsung personnel. Un message piégé envoyé sur l’application de messagerie chiffrée Signal.

Vulnérabilité numérique

Une vulgaire tentative de phishing ou hameçonnage qui a réussi, à l’encontre de celui qui a été un temps ministre du numérique et défenseur d’un projet de loi censé lutter contre ces arnaques. Selon Mediapart, le ministre a dans un premier temps accepté que des investigations parcellaires soient menées sur son appareil personnel, de quoi permettre de balayer tout soupçon d’intrusion des logiciels espions Pegasus et Predator. Mais les enquêteurs ne parviennent pas à récolter l’ensemble des informations sur le piratage du téléphone de Jean-Noël Barrot.

Des échanges avec l’Anssi sont en cours

Si l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information a souhaité pousser davantage l’enquête, selon le média indépendant, les investigations sont pour l’heure au point mort. Le ministre aurait refusé dans un premier temps une extraction des données stockées dans son téléphone Samsung. Contacté par Mediapart, l’entourage du ministre justifie ce choix par le fait qu’il «repartait immédiatement pour une série de déplacements du 27 novembre au 4 décembre». Il précise également avoir pris des mesures de précaution – «mode avion, routeur individuel pour la connexion au réseau». Le cabinet de Jean-Noël Barrot souligne enfin que «des échanges avec l’Anssi sont en cours» pour la suite des investigations. Les mêmes services auraient aussi conseillé à Jean-Noël Barrot de changer de portable. Pas de réponse du côté du ministère.

Ce piratage de téléphone s’inscrit dans un contexte général de menace «cyber» à l’encontre de son ministère depuis l’incident diplomatique à Jérusalem. En visite sur place le 7 novembre, le patron du Quai d’Orsay avait alors publiquement protesté contre les forces de l’ordre israéliennes à la suite de l’arrestation de deux gendarmes français. Quelques heures plus tard, des membres de son cabinet ont constaté que leurs téléphones personnels adoptaient des comportements «suspects». Interrogé sur cet épisode, le cabinet du ministre a répondu n’avoir «pas connaissance de ces informations».

Le 20 novembre, une attaque à l’hameçonnage par la messagerie Telegram piégé une ancienne ministre macroniste, plusieurs élus et des personnels de l’Assemblée nationale, révélant la vulnérabilité des responsables politiques face à la cybercriminalité. Une enquête a été ouverte.

Libération

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