Talking Heads : message reçu «77» sur 7

Alternatif

Le premier album du groupe, qui nous revient en version nettoyée et enrichie, trace un instantané de New York à une période clé de son histoire.

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Les Talking Heads ont fait mieux après (plus flamboyant, disons), mais ce premier album qui porte son millésime en titre demeure la pierre angulaire et anguleuse d’un New York punk auquel les trois étudiants de Rhode Island et le local Jerry Harrison n’ont pourtant souscrit qu’en sous-marin. Loin du chaos et de l’esthétique du désordre de leurs voisins d’affiches du CBGB’s, leurs chansons sont ordonnées, rangées comme un parking de Cadillac, millimétrées, presque flippantes, et pas seulement ce Psycho Killer qui fera de 77 et de sa pochette carton rouge un hit alternatif de l’année. Le chant cul-serré et David Byrne et ses dérapages dans toutes les nuances d’aigus sont soutenus par un groove minimaliste et néanmoins redoutable qui rendit les Talking Heads compatibles avec les dancefloors du monde disco parallèle, ce qui ne risquait pas d’arriver aux Ramones. Parfaite photographie d’une époque à la fois arty, dysfonctionnelle, anxiogène et hédoniste (New York, en résumé), cet album a droit à un nouveau toilettage, accompagné d’une large rasade de titres supplémentaires pour la plupart déjà plus ou moins connus (les versions «Alternate pop» de New Feeling et Pulled Up avec des cuivres, la fabuleuse revisite de Psycho Killer en acoustique avec le violoncelle menaçant de Arthur Russell) et d’un concert entier et surtendu au CBGB, qui date des environs de la sortie de l’album mais avance déjà certains pions du second. Le livre qui accompagne le tout vaut à lui seul le détour.