Hippolyte Hentgen, un «Imagier» vaut mille mots

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«Depuis notre enfance, vécue au sein de la classe moyenne, nous dessinons les formes de notre époque : posters, dessins animés, packaging, motifs de vêtements des années 80-90, détails d’œuvres d’art», ont constaté les deux acolytes qui se cachent depuis plus de quinze ans derrière le duo Hippolyte Hentgen. Depuis, avec discrétion et une vraie liberté, Gaëlle Hippolyte et Lina Hentgen poursuivent ces prélèvements dans les anachronismes féconds de la culture contemporaine : dans les estampes japonaises traditionnelles comme dans les mangas ou les animes télévisés, ou encore dans une imagerie américaine très fifties pour les réjouissantes séries Velvet ou Bebop. Comme Jim Shaw, l’une des figures les plus importantes de la scène underground américaine avec laquelle elles cultivent une certaine parenté (grand adepte lui aussi des vide-greniers et des dessins de chevelures), Hippolyte Hentgen secoue le cocotier du consumérisme ou du patriarcat, et en récolte de gros fruits juteux coupés menus dans leurs images, leurs peintures ou leurs collages. Le livre qu’elles en ont tiré, un grand format, consigne sans hiérarchie ce joyeux bazar. Intitulé Imagier, il est, disent-elles dans un entretien avec Tony Côme : «Une référence à l’Ymagier d’Alfred Jarry et Remy de Gourmont, une revue de la fin du XIXe siècle née de leur intérêt pour l’imagerie populaire et qui mêle éclatement typographique, pages codées, images d’Epinal, références au colportage etc.»

Imagier d’Hippolyte Hentgen, 224 pp., 35 euros. Publié par Le Lait, Albi et L’Artothèque, Caen.