Bande dessinée : «Chahut» c’est cool

Dans son superbe premier livre, enfin publié en France, l’autrice Aude Fourest oscille entre souvenirs d’enfance et multiples angoisses.

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Il y a du monde à l’intérieur d’Aude Fourest : un tas d’angoisses et de souvenirs d’enfance, une vague scélérate de 25 mètres de haut, une persistance rétinienne de Dany Laferrière, sans même parler de ses dents qui se détestent les unes les autres. Et même vue de l’extérieur, l’autrice est multiple, parfois cylindrique, pyramidale l’instant d’après. Heureusement, de tout ce remue-ménage, cette trentenaire française expatriée à Montréal fait d’extraordinaires petites bandes dessinées. Pas plus de six cases généralement, dans lesquelles il s’agit de happer avec sincérité un microdétail autobiographique, de pousser un bref cri de révolte ou alors de partir très vite et le plus loin possible dans la fantaisie, parfois tout en même temps – comme quand l’autrice nous présente Olympe, son amie militante féministe, qui n’est autre qu’une mygale (ce slogan : «300 œufs, si je veux !»). Julie Doucet et Eric Veillé ne sont pas loin bien sûr, mais il y a quelque chose d’Henri Michaux aussi dans la poésie de ces miniatures qui, toutes insolites soient-elles, prennent parfois des airs d’aphorismes. Sorti en mai au Canada, le Chahut qui vient, premier livre de l’autrice, est enfin distribué en France.

Le chahut qui vient, d’Aude Fourest (l’Oie de Cravan), 162 pages, 20 euros.