Dans la terre humide, Céline Philippe déterre une pomme de terre de ses mains teintées par les tanins qu’elle manipule quotidiennement. « C’était un champ de pommes de terre, alors il en pousse encore un peu partout », explique-t-elle en replaçant le tubercule dans le sol.
Installée dans une petite commune rurale de Saône-et-Loire, à 600 mètres d’altitude, elle a transformé sa maison de campagne en un lieu écologique (sobriété, panneaux solaires, toilettes sèches). L’achat du champ voisin lui a permis d’agrandir son jardin, qu’elle laisse volontairement dans un état semi-sauvage, à l’exception d’un morceau consacré à son potager.
« C’est mon refuge », annonce-t-elle, enveloppée dans un manteau bleu marine. « Mais ce n’est pas un jardin tinctorial. Ce qui m’importe, c’est d’abord la biodiversité. J’ai semé des plantes à fleurs, des plantes aromatiques et des arbres, d’autres ont poussé naturellement. Dans tout ça, il y a des feuilles, des racines et des écorces dont je me sers pour teindre les fibres textiles. »
Qu’il neige ou qu’il vente
Elle utilise des plants de rhubarbe, d’indigotier et de betteraves pour ses décoctions et ses mélanges. Lorsqu’elle manque de quantités, elle complète chez son maraîcher. Elle commande aussi des plantes sèches ou des extraits chez un herboriste et cueille parfois des feuilles de renouée du Japon sur le bord de la route.
Après ses journées passées devant un ordinateur, Céline Philippe profite de chaque instant dans la nature. Qu’il neige ou qu’il vente, elle part se promener en forêt avec ses deux lévriers. Au retour, elle aime se poser au coin du feu avec une tisane de feuilles du jardin. Son atelier se situe dans l’ancien grenier de la maison, sur deux niveaux, dont une vaste pièce sous les combles baignée de lumière.
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