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L’édito d’Alexandra Schwartzbrod
Après l’offensive des rebelles islamistes et la fuite du président Bachar al-Assad dimanche 8 décembre, le soulagement s’est mélangé à l’euphorie folle chez les Syriens. Des scènes de joie qu’il faut saluer et accompagner, même si l’avenir du pays reste incertain.
Ce n’est pas de la simple joie qui était perceptible ce dimanche 8 décembre en Syrie, au Liban et dans tous les pays abritant des réfugiés syriens. Mais une euphorie folle, un soulagement immense comme si, en quelques heures, un couvercle s’était soulevé au-dessus de tout un peuple, lui laissant entrevoir, pour la première fois depuis quatorze ans, un bout de ce ciel bleu qu’il pensait ne jamais revoir. Bachar al-Assad n’était pas un dictateur comme les autres, c’était un homme d’une monstrueuse cruauté, on ne l’appelait pas pour rien «le boucher de Damas», capable de faire déverser des bombes-barils sur son peuple à partir d’hélicoptères, d’employer l’arme chimique contre des enfants, de faire subir des tortures inhumaines à tous ceux qui osaient mettre son autorité en question.
Façade ou réalité ?
Il faut donc reconnaître, saluer et accompagner ces jours de liesse qui resteront gravés dans l’histoire. Si l’offensive des rebelles islamistes a semblé être d’une incroyable rapidité et spontanéité, profitant du vide laissé par l’effondrement du Hezbollah et le rappel des militaires russes sur le front ukrainien, elle a sans doute été préparée avec minutie en amont avec le soutien majeur de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan voyant là le moyen d’apparaître enfin comme ce leader du monde musulman qu’il rêve de devenir. Israël et les Occidentaux étaient-ils aussi dans la boucle ? C’est ce que le Premier ministre israélien aimerait laisser croire, disons qu’ils ont peut-être laissé faire, trop contents de pouvoir couper ainsi la route permettant l’acheminement vers la Syrie des armes en provenance d’Iran, grand allié de Bachar. Force est de constater que, pour l’instant, à part le pillage du palais présidentiel à Damas, aucune exaction n’a été commise. Comme si les consignes étaient de donner à ces rebelles une image de respectabilité. Est-ce une façade ou une réalité ? Il est encore trop tôt pour le dire. Leur chef, Abou Mohammed al-Joulani, a été formé par les jihadistes avant de s’en démarquer, troquant la galabieh pour le costume militaire, arborant un look à la Che Guevara et donnant des interviews à CNN. Pour l’heure, l’opération fait un grand perdant, Vladimir Poutine, qui a assisté en vingt-quatre heures à la chute de son principal allié au Moyen-Orient et à la poignée de main de Donald Trump, le futur président américain, avec Volodymyr Zelensky, le numéro un ukrainien. Les plaques tectoniques de la planète sont loin d’être stabilisées.
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